Quelles sont les raisons de ce déclin d’activité? Et comment la société civile et les autorités pourraient-elles réhabiliter ce service public important pour la vie des habitants ?
Nous avons décidé d’effectuer une visite des lieux pour évaluer les raisons de la crise de ce marché qui fut autrefois l’un des meilleurs souks de la ville de Touggourt. Nous avons été réellement surpris de voir le spectacle des voitures garées au milieu de la route, des carrioles trainées par des ânes, des vélos et des motos qui bloquent le passage, sans parler des marchandises anarchiquement exposées aux acheteurs.
Nous avons essayé d’approcher les citoyens pour recueillir ce qu’ils pensent de la situation catastrophique du marché. Âmmi Hassan, marchant de légume, confie : « Le souk n’est plus aussi fréquenté qu’autrefois et je n’éprouve plus la satisfaction que je ressentais avant en vendant la marchandise que j’expose dès le matin. Les gens s’approvisionnent pour la semaine chez les vendeurs ambulants, nombreux sept jours sur sept et au marchais hebdomadaire de Temacine qui se tient le lundi. De ce fait, il ne leur reste plus d’argent à dépenser le mercredi au marché de la ville d’Omar… ».
Nous nous sommes un peu promenés entre les bars éparpillés, au milieu d’une odeur de bétail qui submerge l’atmosphère. Le pire, c’est que les denrées alimentaires se vendent tout près de la source de ces exhalaisons pestilentielles, à quatre mètres à peine. Nous abordons Âmmi Essadok, vendeur de produits alimentaires, pour lui demander les raisons de la baisse d’activité dans ce marché. Il nous répond en ramassant sa marchandise que des passants ont éparpillée parce qu’elle se trouvait exposée au milieu de la route : « Le marché, c’était autrefois… Maintenant, il n’y a plus rien… ». Âmmi Essadok entend par là que l’activité du marché du mercredi fut exceptionnelle dans les années 90 / 2000.
D’ailleurs, en parlant à quelques habitants de la ville, ils nous ont fait part de leurs regrets de voir cet état de déclin depuis que le marché a été déménagé dans l’espace actuel afin de pouvoir réaliser des travaux de réaménagement sur la place de la vieille mosquée qui fut l’adresse des commerçants entre 1985 et 2009. Cependant, même après la fin des travaux, les services de la Municipalité n’ont pas ramené le marché à sa place. De ce fait, les rares clients se trouvent contraints à faire leurs courses au milieu des saletés qui s’accumulent sur le sol en terre du marché au lieu de les faire sur la place nouvellement aménagée et revêtue d’un carrelage de premier choix que des jeunes de la ville ont même procédé à nettoyer lors d’une vaste campagne de propreté.
D’autre part, la souffrance des citoyens ne s’arrête pas seulement à la difficulté d’accéder au marché hebdomadaire, ni au fait qu’il ait été déménagé. Elle provient également du fait que les marchandises de première nécessité se font rares, voire introuvables. Tel est le cas des vêtements par exemple. En nous promenant entre les baraques du souk, nous n’avons trouvé qu’un seul vendeur d’habits qui, selon les propos d’un jeune qui se tenait à côté de l’échoppe, « vend une marchandise qui n’est plus à la mode, ce qui décourage les clients, notamment les jeunes, à venir au marché ».
En interrogeant les services municipaux sur les raisons de la marginalisation du marché, nous n’avons pas obtenu de réponse convaincante, dans la mesure où les arguments avancés par le responsable des travaux réalisés sur ladite place portent sur l’éclairage qui ne serait pas encore prêt, tandis que le marché n’est ouvert qu’en cours de journée et seulement le mercredi.
Par ailleurs, nous avions déjà rencontré un groupe de jeunes ayant procédé à une vaste opération de nettoyage de la place dans l’espoir de voir le marché y retourner, étant donné le désordre et le dérangement que son emplacement actuel occasionne aux personnes qui habitent près des lieux.
La situation lamentable du marché ne se limite pas à l’anarchie ou à l’indisponibilité des marchandises. Nous avons en effet remarqué que la plupart des marchands ont rangé ce qui leur restait de produits invendus et s’apprêtaient à quitter, alors qu’il n’était pas encore dix heures et demie du matin. Or, il serait étrange de voir un marché de Temacine ou de Touggourt plier bagage à une heure pareille ! En posant la question à l’un des habitants, il nous répond que le marché ouvre très tôt et que les marchandises sont généralement épuisées à cette heure. Cela cause le mécontentement des habitants, comme nous l’entendons dire souvent, dans la mesure où ce marché, contrairement aux bazars de la ville, se caractérise par ses prix abordables. Or, le citoyen ordinaire ne dispose pas de suffisamment de temps pour faire ses courses, notamment avec le désordre inextricable qui règne dans ce souk.
En guise de solution à ce problème épineux, le président du Conseil Populaire de la ville d’Omar pense que l’opération exige un double effort, aussi bien de la part de la Municipalité que de la part de la société civile afin que soient respectées les lois imposées par les autorités pour établir une meilleure organisation de ce marché et pour faire en sorte que les marchandises exposées soient variées.