En suivant l’action de ce groupe de propreté du voisinage auquel Ammar appartient, Dès notre arrivée, tout l’entourage est sonné par les odeurs qui se dégagent du tracteur de ramassage d’ordures et la poussière qui jaillit sur l’environnement tout autour.
Ammar, abattu par ces conditions, se confie : « je n’en peux plus. Ce n’est pas une profession qui me permet de vivre correctement. J’ai rejoint ce projet grâce à la municipalité. J’ai presque 40 ans et je suis toujours célibataire ».
Parlant de son salaire, Ammar affirme qu’il est modique et qu’il ne dépasse pas le salaire de base qu’offre l’Etat aux petits travailleurs (15 mille D.G), ajoutant qu’il ne permet même pas d’aider sa famille pour payer la facture d’électricité et acheter quelques nécessités.
La situation de Ammar n’est qu’un exemple vivant de la souffrance de ces travailleurs. Seuls les passants remarquent leur calvaire en les apercevant assis à même le sol pour récupérer un peu avant de poursuivre leur travail pénible.
Un autre travailleur, Ismaïl, raconte comment il a du emprunter de l’argent quand sa fille est tombée malade. « Le remboursement a pris du retard et mon salaire n’a pas encore été versé. Comme si la maladie de ma fille ne suffisait pas », a-t-il ajouté.
Les conditions de vie de ces travailleurs sont aussi fatigantes que dangereuses. L’un d’entre eux affirme qu’ils ne sont pas couverts contre les maladies transmissibles en provenance des ordures qu’ils nettoient et transportent quotidiennement, ni un suivi médical, ni même une indemnisation sur les visites médicales ou sur les frais de médicaments. Sans oublier le danger de la route, surtout à cause des motards qui mettent la pagaille tous les jours au village.
Les agents de propreté font également face au manque de respect de la société à leur égard. L’agent Ahmed atteste que les citoyens les considèrent comme des moins que rien. « Je ne sais pas pourquoi. Nous traitons leurs ordures, alors pourquoi cet irrespect ? », s’est-il demandé. Les agents de propreté vivent la même souffrance sur l’ensemble du territoire. On évite même de les côtoyer en dehors des heures de travail.
Quant à leurs salaires, Ammar dit qu’il ne suffit même pas pour subvenir à leurs besoins de base, surtout avec la hausse du coût de la vie. Leurs salaires ne font jamais l’objet de bonus ni de primes de rendement. Parfois, il leur est versé en retard, ce qui fatigue davantage ceux qui n’ont pas d’autres sources de revenus leur permettant d’arrondir leurs fins de mois, ou de réfléchir à quitter ce travail indigne.
Ammar et ses collègues revendiquent l’amélioration des conditions de travail en augmentant les salaires et établir des primes de rendement. Ils demandent aussi de bénéficier des programmes de couverture sociale, indispensable pour cette profession épuisante et à risques.