La tournée commence par l’école primaire Abdelhamid Ibn Badis, où les chauffages font défaut, au grand dam des élèves livrés à un froid glacial durant tout l’hiver. Même les chauffages disponibles ne sont pas opérationnels faute d’accès au gaz de ville.
Un des instituteurs confie qu’à peu près 40% des élèves s’absentent des cours à cause du froid. Il ajoute que « les élèves ne viennent pas tous de milieux aisés. Certaines familles ne peuvent même pas fournir à leurs enfants des vêtements chauds avec gants et bonnets. Et même si c’est le cas, ceci s’avère insuffisant dans la période allant du mois de novembre jusqu’au mois de mars. Il est primordial de garantir des conditions décentes aux élèves aussi bien en hiver qu’en été ».
En poursuivant le tour dans l’école, il s’avère également que les sanitaires sont tout ce qu’il y a de plus délabré ce qui compromet non seulement l’administration de l’école mais également les services de l’Equipement, censés effectuer des visites d’inspection régulières. Les robinets d’eau, complètement rouillés et défaillants, ne pouvaient que témoigner d’une nonchalance et d’un laisser-aller impardonnable.
Après Abderahmane Ibn Badis, c’est au tour de l’école Al Khansa de recevoir les visiteurs, une école dont la clôture trop basse compromettait la sécurité même des élèves, un gardien ne pouvant à lui seul sécuriser les lieux contre les incursions nocturnes des bandits et autres malfrats.
Le président de l’association des parents d’élèves à Al Khansa assure que la situation catastrophique qui caractérise certaines écoles primaires de Togourt est préoccupante. Il affirme que l’école Al Khansa, aux murs délabrés, a été fermée en 2013 pour se faire restaurer et n’a jamais été rouverte depuis. Quant aux élèves, ils ont été reçus dans une école voisine jusqu’à ce que les travaux de restauration prennent fin, ce qui n’a pas manqué de donner lieu à une surcharge suffocante dans les salles de classe. Les parents d’élèves ont d’ailleurs organisé une manifestation demandant la réouverture de l’école ou toute autre solution qui soit décente. Peu après, ce sont les élèves eux-mêmes qui ont manifesté en masse. Ahmed Amine, un élève en cinquième année raconte qu’il avait promis à ses parents de travailler laborieusement et de décrocher son diplôme mais que les conditions lamentables au sein de l’école l’empêchaient de se concentrer durant les cours ce qui a eu des répercussions sur ses résultats scolaires.
Les parents d’élèves sont, d’ailleurs, tous d’accord à ce propos : le manque d’équipements dans les écoles est une cause directe de la régression des résultats scolaires, ce qui est inacceptable.
Même problème à l’école du militant Ben Boulaïd, où les ventilateurs sont tous en panne et où les climatiseurs sont un luxe inabordable, chose qui oblige les élèves à supporter la canicule de Togourt s’étendant du mois de mars jusqu’au mois de mai.
Pour l’école Béchir Ibrahimi, le réseau électrique constitue un problème dangereux. Lors de la visite à l’école, il a été constaté que les fils d’électricité sont en majorité apparents, même dans les salles de classe. « C’est une menace à la vie des élèves… Le plus grave, c’est l’absence totale des travaux d’entretien et le glissement peu à peu vers le système D. Une aberration totale dans des écoles primaires où la vie de centaines d’enfants en bas âge est en jeu » affirme Mohamed El Amine, un instituteur.
Selon plusieurs associations, ces problèmes ne sont que l’arbre qui cache une forêt d’autres problèmes tels que l’absence des moyens de transport dans une commune où la plupart des élèves ne possède même pas un simple vélo, et le temps scolaire inadéquat, poussant les gamins à quitter leurs écoles en pleine sieste, heure à laquelle les rues sont vides et les kidnappeurs d’enfants actifs.
Les associations appellent, ainsi, à la nécessité d’améliorer les conditions dans les écoles de Togourt, afin de garantir un avenir meilleur aux générations futures.