Des projectiles tirés par les groupes terroristes tombent parfois même dans le périmètre de l’école. Il suffit de jeter un coup d’œil à la clôture partiellement détruite et aux murs, criblés d’impacts de balles, pour s’en rendre compte. Le danger qui plane sur les lieux et guette les élèves et le corps enseignant est bien réel, mais personne ne tient à interrompre les cours.
Danger omniprésent
Fatma est mère de deux enfants, scolarisés en deuxième et quatrième année, qu’elle emmène à l’école chaque matin. Interrogée par « Dunes Voices » sur le maintien des cours elle répond : « Nous avons évidemment peur pour la vie de nos enfants… Mais le danger est partout, même à l’intérieur des immeubles où nous habitons et qui sont tout près de l’école ». Elle note que « la majorité des écoliers et des membres du corps enseignants habitent dans ces immeubles, ce qui a facilité la décision de maintenir les cours ».
Même son de cloche chez les enseignants. Madame Khadija, institutrice de deuxième année affirme : « La situation est difficile vu que l’école est située dans un axe d’affrontements, mais le taux d’absentéisme est faible et personne ne se dérobe à ses responsabilités » ajoutant que « le corps enseignant et les familles encadrent les enfants sur le plan psychologique pour essayer de leur épargner les séquelles de la guerre ».
Forger les esprits
Le directeur de l’école, lui, tient à maintenir l’école ouverte malgré les difficultés et les dangers. Il affirme que leur objectif est de lutter contre le terrorisme. « Si l’armée combat avec les armes, le corps enseignant combat en forgeant les esprits… C’est notre défi » explique-t-il, ajoutant que « les enseignants gardent le moral » malgré une situation très difficile.
Quant à l’assistante sociale de l’école, elle loue le rôle des parents dans l’encadrement psychologique de leurs enfants. Elle note que les familles, l’administration de l’école et le corps enseignant coordonnent leurs efforts et que la décision de maintenir l’école ouverte a été prise d’un commun accord entre toutes les parties.
Elle affirme par ailleurs que la même décision avait été prise l’année dernière, quoique l’école n’ait ouvert ses portes que pour deux mois.
Les écoliers inébranlables
Les écoliers constituent, eux, la partie lumineuse du tableau. Dès que tu les côtoies, tu oublies que les canons sont à quelques mètres des lieux.
Malgré le retentissement des balles, ils n’arrêtent pas de courir et de se partager leurs goûters entre eux, pendant les récréations. Redoutent-ils le bruit des canons? A cette question, ils répondent qu’ils « aiment leur école et qu’ils n’ont pas peur ».
Et il suffit de les entendre scander « vive la Libye » chaque matin, pour tout comprendre.