Cependant, les projets réalisés dans ce sens se limitent à quelques fermes pilotes qui couvrent à peine une centaine d'hectares.
Par ailleurs, la population locale crie haut sa colère. Salah, 80 ans, s’étonne des discours évoquant le développement de l’agriculture à Dhehiba, une région saharienne située sur les frontières tuniso-libyennes : « de quelle agriculture parlent-ils ? Dhehiba est une région oubliée depuis la colonisation jusqu’à nos jours ».
Salah affirme que la possibilité de développer l’agriculture dans la zone est pourtant techniquement possible, en rappelant l’exemple de Rjim Maâtoug sur les frontières tuniso-algériennes. « C’était une terre saharienne et aujourd’hui elle est devenue une oasis grâce à la détermination et aux efforts fournis », a-t-il dit.
Mais l’octogénaire ne croit pas en l'existence de la volonté nécessaire pour effectuer un changement similaire dans sa région. Salah met l’accent par ailleurs sur le coût élevé de la vie dans la zone. « Les légumes et les produits de base nous proviennent de Tataouine (128 km) et parfois de Remada (49 km), engendrant des frais supplémentaires de transport. Cependant, les autorités, qui n’ont pas prêté attention à cette question, ne pensent même pas à réaliser des projets de développement bien que le projet de plantation du désert permettrait de créer des emplois et de fournir la nourriture et de l’eau potable à la région », a-t-il affirmé.
Salah est pessimiste. Pourtant, la réalité promet du nouveau. En effet, il existe un nouveau projet portant le nom du « grand désert » qui vise à construire des fermes sur une superficie de 10.000 hectares avec un coût de 30 millions de dollars. Les médias tunisiens et le journal électronique anglais « Daily Mail » en ont parlé.
Selon la société d’investissement qui la prépare, ce projet devrait apporter un gain financier considérable, outre ses avantages sur le plan social et environnemental. Ce programme vise à exploiter les ressources naturelles, comme le soleil et l'eau de mer pour générer la chaleur et obtenir de l’eau douce.
Et bien que l’idée semble bizarre, des légumes ont déjà été produits dans une structure pareille au Qatar, faisant partie de ce même projet « le grand désert ». Le taux de production des légumes dans cette structure est égal au taux annuel d’une ferme en Europe. La même expérience sera reproduite dans le désert de l’Afrique du Nord et lancée en Tunisie.
La plus grande structure faisant partie du projet est actuellement en construction en Jordanie. Plusieurs habitants locaux en Tunisie, qui seront employés comme fermiers et techniciens, suivront une formation en Jordanie avant d’entamer le travail dans le projet magrébin qui jouit de l’appui du gouvernement tunisien.
Commentant ce projet, le professeur en réchauffement, sciences et technologies à l’université Roi Abdallah en Arabie Saoudite, Heareart Heart a fait savoir que « le plus grand souci en Afrique du Nord et dans les pays arabes, c’est la poussière et les tempêtes de sable qui couvrent souvent les panneaux solaires. Nous essayons de trouver des solutions pour contourner ce problème ».
Cheikh Ibrahim, un septuagénaire de Nalout en Libye (60 km de Dhehiba), a indiqué que « Kaddafi nous a promis un projet pareil et c’est faisable, tout comme la rivière artificielle, sans laquelle les villes libyennes seraient assoiffées ». Cheikh Ibrahim a également appelé à soutenir ce genre de projets qui « sont assimilés à des rêves à leur début ».
Le projet du grand désert en Tunisie, en Libye et en Algérie aspire à planter quatre mille hectares de terres sahariennes, employer six mille personnes et produire environ 170 mille tonnes de produits agricoles annuellement afin de répondre aux besoins des habitants du Désert, 10 ans après son lancement.