Les informations en provenance de Syrte indiquent que les forces de Daech ont subi un cinglant revers lors de l'affrontement en cours contre les troupes loyales au gouvernement de Tripoli, tout comme c’était le cas à Derna et Benghazi. Daech ne contrôle plus qu'un petit réduit à l'intérieur de la ville, selon Ridha Aissa, du bureau de communication de l'opération de libération de Syrte. "Le port de Syrte est déjà libéré après un violent affrontement de quelques heures aux armes lourdes.
« Daech n'a pas fait le poids face aux troupes de Misrata et de ses alliés « , a ajouté Aissa à la correspondante de l'agence Dune-voices, en précisant que « l'opération qui a commencé, il y a un mois, a engendré 125 morts et plus de 400 blessés parmi les rangs des forces de Tripoli ». Aucun chiffre n'a été officiellement communiqué sur les pertes dans les rangs de Daech. Donc, après leurs revers à Derna et Benghazi, les groupes armés se réclamant de l’Etat islamique sont sur le point de perdre leur ‘Capitale’ Syrte.
Les communiqués militaires en provenance du front ont rapporté que les forces gouvernementales ont utilisé au début des opérations des chars, de l'artillerie lourde et des lance-missiles. Les avions de l'académie militaire de Misrata ont également accompli 125 sorties pour bombarder les positions de Daech lors des premières attaques. Mais, l’inquiétude provient du fait que « les combats sont aujourd'hui dans les rues de Syrte », précise un membre actif des forces de Misrata, qui constituent la colonne vertébrale des forces loyales au gouvernement de Tripoli, soutenu par la communauté internationale. « Nous encerclons désormais les forces de Daech dans un réduit de moins de vingt-cinq kilomètres carrés où il y a le complexe ' Ouagadougou ' qui abrite toutes les institutions de Daech à Syrte », explique ce milicien, joint au téléphone par Dune-voices. Il ne sait pas si ces zones sont encore occupées par des citoyens.
Pour expliquer l'avancée rapide des forces loyales, Cherif Boudhina, l'un des chefs militaires de l'opération, explique, pour sa part à Dune-voices: « je pense qu'il y a eu de l'exagération dans les estimations des forces de Daech à Syrte. Le nombre des terroristes tués ou arrêtés ne dépasse pas les 800 depuis le début des opérations et Il ne reste plus que quelques centaines qui continuent à combattre à l'intérieur de la ville ». « L'effectif de Daech était donc entre 1200 et 1500 personnes avec une majorité d'étrangers comme nous l'avions estimé au début », conclut-il.
La percée à Syrte contre Daech constitue la 1ère réussite à l'actif de Fayez Sarraj depuis son entrée il y a plus de deux mois à Tripoli. Elle survient alors que des protestations populaires commencent à voir le jour à Tripoli contre la cherté de la vie et la crise de liquidités qui frappent de plein fouet la population et que le gouvernement n'est pas parvenu à contenir. « C'est donc un acquis important pour Sarraj en tant que chef de gouvernement, qui pourrait l’aider à installer son autorité en réconfortant la population, angoissée par la mainmise de Daech sur Syrte et ailleurs », souligne à Dune-voices le politologue libyen Ezzeddine Aguil qui relève toutefois que cette attaque a également traduit « des faiblesses dans les rangs des alliés de Sarraj ».
Aguil a attiré l’attention sur l'intervention, lundi 6 Juin à New York, du représentant de la Libye à l'ONU, Ibrahim Dabachi, qui a déploré la présence de milices proches d'Al Qaïda dans les rangs des forces loyales, qui ont attaqué Syrte. La question de la loyauté des forces armées envers l’Etat pose encore problème en Libye, selon le politologue.
« L’armée, qui a attaqué Syrte, n’a pas été constituée selon les termes de l’accord de Sekhirat, qui exige une mise à niveau des miliciens qui veulent intégrer l’armée ou la police. C’est plutôt un ramassis des milices qui avaient constitué auparavant Fajr Libya et c’est ce qu’a dénoncé Dabbachi », regrette le politologue. « Le risque est élevé de voir des combats éclater ultérieurement avec les groupes armés soutenant Al Qaïda, comme c’est le cas en ce moment à Benghazi et Derna », ajoute-t-il.
Il est utile de souligner que les propos de Dabbachi ne traduisent pas la position officielle du gouvernement de Tripoli. La preuve, ils ont été contestés par Abderrahmane Souihli, le Président du Conseil de l’Etat qui a réclamé de Sarraj la destitution de Dabbachi. L’alignement politique des groupes armés soutenant Sarraj pose un véritable problème, qui a amené l’ex-chef du gouvernement et président de l’Alliance des forces nationales, Mahmoud Jibril, à dire que « la véritable bataille contre Daech en Libye, aura lieu à Tripoli ».
La situation en Libye est toujours aussi confuse.