La région du Djebel Al Gharbi se distingue des autres régions par l’existence d’un nombre important de monuments historiques et de villes archéologiques ensevelis sous les poussières de l’oubli et de la négligence et saccagés par l’érosion et par le vandalisme de personnes malintentionnées cherchant à faire fortune aux dépens de l’histoire et de la civilisation de la patrie.
Les sites archéologiques se déploient au ras des montagnes étendues depuis les frontières ouest de la Libye jusqu’à la ville de Ghariane à l’extrême nord du pays. La région compte plus de 15 monuments dont certains sont vieux de plusieurs siècles. Celui de Nalout serait l’un des plus vieux palais archéologiques de l’histoire de la Libye, puisqu’il a été construit au septième siècle avant Jésus-Christ. Ahmed Âaskar, directeur du bureau des sites archéologiques de Nalout, affirme que « sa construction remonte à l’âge de pierre et qu’il a été restauré plusieurs fois avec des matériaux locaux tels que la pierre et le gypse. Le bâtiment de forme circulaire comporte six étages ».
Pour sa part, Saïd Arafa, directeur du bureau du tourisme de Nalout affirme : « Les sites archéologiques de la région de Nalout représentent une zone d’attraction touristique importante, bien que le régime déchu n’ait pas accordé d’importance à ces lieux et que le citoyen libyen ne soit pas conscient de l’importance de ce patrimoine culturel hérité de la civilisation ».
Par ailleurs, la plupart des autres sites archéologiques souffrent d’une grave négligence. Ainsi, par exemple, « le palais de Tirekt à El Hawamed est considéré parmi les lieux historiques qui risquent le plus de disparaître sous l’effet du temps et de l’érosion », explique Ahmed Omar Atallah, président de l’association "El Hawamed pour la Protection des Arts et du Patrimoine", avant d’ajouter : « Tous les sites archéologiques d’El Hawamed se trouvent dans un état d’abandon dramatique, ce qui a provoqué de grands effondrements dans le palais de Tirekt dont la construction remonte à plus de 500 ans, en plus des actes de vandalisme fréquents qui ont saccagé tous ses coins et étages ».
Ali Nasr Saïd, responsable de l’unité d’archéologie au sein de l’association, souligne par ailleurs que « les sites archéologiques de la région des Hawamed se sont quasiment transformés en tas de ruines du fait de la négligence de l’état et de l’absence de conscience chez les habitants de l’importance de ces sites. En effet, plusieurs bâtiments historiques, quand ils ne servent pas d’écuries pour le bétail, se trouvent saccagés par des fouilles sauvages à la recherche de trésors, ce qui provoque le plus souvent de grands effondrements pour certains d’entre eux ».
La ville de Chrous à El Hraba ou « capitale du Djebel Al Gharbi », comme on l’appelait au Moyen-Age n’échappe pas à cette situation de marginalistation et de vandalisme systématiques et généralisés. Younes Mohamed Saad, passionné d’archéologie et de sites touristiques nous apprend que « les monuments archéologiques de la ville ont besoin du savoir-faire d’experts de renommée internationale en matière de restauration ainsi que de moyens prodigieux afin que ces bâtiments ne soient pas entièrement effondrés, détruits et défigurés par tout ce qu’ils ont subi ces dernières années comme actes de destructions et d’excavations ayant terrassé plusieurs de leurs signes culturels ».
Les monuments archéologiques sont la grandeur du patrimoine historique d’un pays. Ils témoignent d’une époque et gardent la mémoire de la civilisation humaine profondément ancrée dans l’Histoire. Leur mission est de transmettre l’épopée des générations passées à celles qui vont venir. Les vieilles murailles historiques et les sous-sols des villes en ruines renferment dans leurs plis les grands moments d’une épopée résistante aux trahisons des temps.