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02
juillet

Un tiers des filles maliennes ne va pas à l’école

Les résultats d’une étude sur l’identification des problèmes affectant la scolarisation des filles au Mali a montré que beaucoup de travail reste à faire en matière de maintien en classe de la gente féminine, présenté dans le cadre du programme ‘Prodec II’.

Actuellement, il ressort de l’étude qu’au Mali, seulement 60 % des filles, en âge de scolarité, vont aux écoles. Parmi ces filles scolarisées, deux tiers complètent le fondamental Un. Les résultats en fin de l’enseignement primaire montrent que le taux de réussite des filles est sensiblement inférieur à celui des garçons. C’est en moyenne un rapport du simple au double. Par ailleurs, cette comparaison évolue progressivement en faveur des garçons, tout le long du parcours scolaire, notamment dans le milieu rural, où le mariage précoce fait des ravages selon des témoignages recoupés de plusieurs sources. Le ministère de l’Education nationale et plusieurs ONG sont unanimes pour dire que l’environnement sociétal n’encourage pas à l’enseignement de la fille au Mali. Tous appellent à des campagnes pour endiguer ce fléau.

Selon Aminata, institutrice à Gao, « le taux de redoublement des filles scolarisées est actuellement très élevé ». Elles font également face aux risques d’instabilité et d’abandon scolaire qui se traduisent par un faible taux d’achèvement du fondamental 1. Au niveau du fondamental 2, les disparités entre filles et les garçons sont encore plus marquées et les taux bruts de scolarisation, d’admission et le taux d’achèvement restent très faibles que ce soit pour les filles ou pour les garçons, notamment dans le milieu rural.

Le rapport révèle qu’en 2013, ont accédé au fondamental II 24,5 % des filles et 32,6 % des garçons. Ce qui traduit un taux de réussite très faible, toujours selon Aminata. Mais, ajoute-t-elle, avec un taux féminin de réussite de 24,5 %, l’année 2013 est considérée comme exceptionnelle pour la réussite des filles à la fin du fondamental 2. Les garçons ont, quant à eux un taux de 32,6 %. Il est à rappeler que pour le passage entre le Fondamental 1 et 2, 14,44 % des filles et 56,8 % des garçons ont réussi. Donc, alors que le taux de réussite des garçons au Fondamental 1 était quatre fois supérieur à celui des filles, il n’est qu’un quart de fois supérieur au Fondamental 2.

L’étude a été commanditée par le ministère de l’Education nationale au Mali. Elle a été financée par le bureau de l’UNICEF. Elle a été par ailleurs réalisée par Charlotte Sedel, une consultante internationale travaillant beaucoup en Afrique, notamment au Mali. Selon le directeur national de l’éducation, le taux brut de scolarisation des filles se situe autour de 64 %, loin au-dessous de l’objectif des 70 %, planifié pour 2015. « Le résultat est d’autant plus médiocre que les résultats sont ‘maquillés’, insiste Aminata sur le ton de quelqu’un, sûr de ce qu’il avance.

Pour cette experte, les résultats auxquels la recherche a abouti donnent juste une idée sur le développement des comportements et des pratiques positifs en faveur de l’éveil des droits des enfants au Mali. Ils serviront également de matière de base à la préparation du Programme décennal de développement de l’éducation (Prodec II).

Cette étude qui devait être un appui aux efforts déjà consentis en matière de scolarisation des filles, se trouve être la seule directive pour booster le secteur. Parce que, selon les acteurs du rapport, la réalisation de cette étude résulte de l’absence de capitalisation et d’évaluation des expériences mises en place en faveur de la scolarisation des filles.

Selon le rapport, malgré les efforts qui ont été faits pour augmenter la scolarisation des filles, le Mali n’a pas atteint les Objectifs du Millénaire de scolarisation primaire universelle en 2015. Pour rattraper son retard, le rapport souligne que le Mali doit non seulement augmenter son taux brut de scolarisation dans l’enseignement fondamental pour les filles et les garçons, mais surtout il doit s’assurer que les enfants scolarisés achèvent leur cycle d’études.

Cette prospection interpelle tous les acteurs de l’éducation qui doivent se mobiliser davantage et coordonner leurs efforts pour être plus efficaces. Elle se veut aussi et surtout un précieux instrument de plaidoyer et de communication sociale des acteurs auprès des décideurs pour booster leur engagement en faveur de la scolarisation des filles.

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