La pénurie de carburant représente la plus importante de ces carences. En effet, selon M. Aid Hadouth El Abidi, directeur du service des recrutements à la société El Briga dont le siège s’établit à Tobrouk, l’armée interdit désormais aux camions-citernes transportant du carburant de franchir le seuil de l’entrée est de la ville, en l’occurrence au niveau de la région d’El Fatayeh où se déroulent les affrontements.
El Abidi fait remarquer cependant que les zones environnantes de Derna comme Martouba et El Kobba n’ont pas souffert de cette pénurie de carburant, dans la mesure où la société se charge d’en faire parvenir à toutes les villes de la région, depuis Emsaêd à l’est jusqu’à Jaghboub au sud et Ras Lanouf à l’ouest, en passant par Al Baida, El Marj, Benghazi, Ajdabia et Al Kofra, sans que cela ne pose la moindre difficulté.
Néanmoins, la pénurie de carburant impose aux habitants de Derna de se rendre dans ces régions et de patienter pendant de longues heures dans d’interminables files d’attente afin de pouvoir se ravitailler en carburant, alors même que ces stations services souffrent à leur tour d’une quasi sécheresse de leurs réserves, ce qui met en doute la véracité des propos du directeur, en prouvant que les quantités de carburant ne couvrent visiblement pas les besoins de la zone est.
Par ailleurs, il faut noter que les intempéries qui ont empêché les camions-citernes transportant du carburant de parvenir dans la région et les ont obligés de stationner aux ports sont en grande partie responsable de cette pénurie qui atteint les 60%, selon une étude réalisée par plusieurs parties concernées.
Par ailleurs, malgré les derniers revirements survenus dans la ville de Derna et bien qu’elle soit en partie débarrassée de la domination de l’Etat Islamique, les matières premières continuent de manquer de manière sensible, ce qui a poussé le gouvernement à établir une commission de crise dans la ville d’El Baida.
La première déclaration de Mohamed Salah Jibril, président de ladite commission de crise, a été d’annoncer une collaboration avec la chambre des opérations de l’axe du Nawar visant à permettre le passage, à travers cet axe, de deux transporteurs de carburant.
Cependant, non seulement cette solution n’a pas suffit à résoudre le problème, mais aussi elle a causé une grande perturbation dans les stations services qui avaient déjà un problème de surcharge et affichaient continuellement de longues files d’attentes, ce qui a poussé le Conseil Régional de Derna à négocier une augmentation de la part de carburant réservée à la ville.
Cependant, ces négociations se sont heurtées à un nouvel obstacle, dans la mesure où les transporteurs ont réclamé des augmentations salariales qu’ils expliquent par le fait que les distances parcourues ont augmenté de 100 km supplémentaires à cause des affrontements toujours en cours dans certaines zones de la ville de Derna. Les deux parties sont finalement parvenues à un accord augmentant lesdits salaires de 300 dinars libyens.
Ainsi une vague de mécontentement est apparue, provoquée par cette pénurie de carburant qui ne cesse de reprendre depuis quelque temps, au point de devenir une véritable obsession chez les habitants de la zone est, depuis Tobrouk, pourvoyeur de carburant vers les autres régions, jusqu’à Ras lanouf.
Parallèlement à cette crise du carburant, est apparu chez les habitants un nouveau phénomène anarchique qui consiste à remplir de grands bidons de fuel afin de les stocker en réserves pour le cas où une nouvelle pénurie de carburant viendrait à se produire de nouveau. Cela a poussé le commissariat de police d’El Marj à faire parvenir un communiqué aux chefs des stations services leur demandant de ne remplir que les bidons de dix litres seulement et de satisfaire par contre les besoins des conducteurs de véhicules.
Et, en attendant qu’une solution radicale à la crise du carburant soit trouvée, le directeur du service des recrutements à la société El Briga, El Abidi continue d’affirmer que toutes les stations services pourront disposer de réserves suffisantes de fuel en soulignant l’arrivée au port de Hariga de nombre de transporteurs d’essence chargés, chacun, de 25.000 tonnes de carburant et que cette moyenne sera maintenue jusqu’à ce que la pénurie disparaisse totalement et avec elle les longues files d’attente au seuil des stations services.