Cette situation catastrophique touche spécialement les villes de Ghat et d’Oubari, dans l’extrême sud-ouest libyen, poussant les autorités algériennes à intervenir à maintes reprises, équipant notamment les hôpitaux en médicaments, carburant et lait infantile.
Frontières fermées
A chaque fois ce sont les responsables régionaux et des activistes de la société civile qui se déplacent jusqu’aux points de passage « Debdeb » et « Tine Alkoum », au sud de la province algérienne d’Illizi, pour charger les aides dans des camions libyens et les envoyer vers la Libye, à 300 kilomètres de là. Depuis la décision algérienne de fermer la frontière avec la Libye, en mai 2014, à cause de la situation sécuritaire, les camions ne peuvent plus passer. Ils sont contraints de vider leur chargement aux points de passage frontaliers où seuls les colis humanitaires sont autorisés à passer.
Moussa Mohamed Ahmed, activiste associatif dans la ville de Ghat, qualifie l’initiative algérienne d’œuvre majestueuse, estimant qu’elle « a sauvé les hôpitaux d’effondrement puisqu’elle leur fournit le carburant nécessaire à l’éclairage et au fonctionnement des moteurs et autre matériel médical».
Carburant, lait pour bébé et médicaments
« Dunes Voices » a assisté à un arrivage d’aides, contenant 20 000 litres de diesel, 30 tonnes de produits alimentaires, parapharmaceutiques et du lait pour bébé. Ces aides sont destinées essentiellement aux hôpitaux de Ghat et d’Oubari, qui font face à d’énormes difficultés, notamment les fréquentes coupures d’électricité et la grave pénurie de médicaments.
Moussa Ahmed Mohamed insiste sur les conditions humanitaires déplorables dont souffrent les régions libyennes proches de l’Algérie, suite notamment à la fermeture de la frontière. Tout en notant que les autorités algériennes ont laissé quelques points de passage ouverts, pour permettre aux malades et aux blessés libyens d’être transportés vers les hôpitaux algériens d’Illizi, de Djanet, ou encore de Tamanrasset.
Crise perpétuelle
La dégradation de la situation est accentuée selon Abderrassoul Ahmed Mbarek, directeur de l’hôpital de Ghat, par le manque de personnel soignant, entre trois et cinq médecins uniquement étant présents sur les lieux.
Fatma, femme de ménage à l’hôpital, raconte : « Mon père est couché sur un lit ici, depuis 15 jours, alors que nous attendons que l’hôpital reçoive du carburant pour que nous puissions avoir un diagnostic avant l’opération chirurgicale». Lui demandant pourquoi elle n’est pas allée à Oubari ou même à Tripoli, elle répond que la situation à l’hôpital d’Oubari n’est pas meilleure. « Eux aussi attendent le carburant, venu d’Algérie, pour pouvoir travailler… Quant à Tripoli, mon père ne peut pas faire le trajet de 1000 kms pour y arriver. Et puis de toutes les manières, ma famille n’a pas les moyens financiers d’organiser son transfert » soupire-t-elle.