Depuis le déclenchement de la révolution libyenne, Ghât connaît un flux important de migrants clandestins qui viennent des pays subsahariens, notamment le Niger, en plus des émigrants libyens qui fuient leurs régions dévastées par le conflit armé qui ravage le pays. On note en effet le passage d’environ 150 migrants par jour pendant l’été, contre 400 migrants par jour pendant l’hiver.
Et ce qui aggrave la situation c’est que les autorités chargées de l’immigration manquent énormément de moyens. En effet, Omar Chakou, directeur des affaires administratives au service de lutte contre l’immigration clandestine, affirme que, faute de moyens, l’activité du service est à l’arrêt depuis deux ans. Faisant remarquer qu’il n’existe actuellement qu’un seul centre d’hébergement qui ne suffit pas à accueillir les grands flux de migrants, il explique qu’environ 80 migrants sont admis dans une même salle.
Par ailleurs, le manque de moyens s’est répercuté sur le paysage général de la ville dans la mesure où les migrants clandestins ont envahi les rues de façon remarquable et provocante au milieu de nombreuses craintes telles que les épidémies, la prostitution, la drogue et plusieurs autres fléaux, en plus des craintes sécuritaires dues au risque de voir se développer un environnement propice aux organisations de malfaiteurs et autres organismes clandestins.
Omar Chakou affirme que la police de l’immigration clandestine arrête entre 15 et 50 immigrés clandestins par jour. Il demande que le soutien nécessaire soit fourni en termes d’aide matérielle et humaine pour lutter contre ce fléau en faisant remarquer que le centre d’arrêt actuel ne peut accueillir que 150 personnes alors que les détenus peuvent atteindre les 400 personnes.
Il explique également que les immigrés qui s’installent à Ghât viennent essentiellement du Niger ; les autres, eux, considèrent la ville comme un lieu de passage vers le nord. Ils y restent une courte période et dès qu’ils parviennent à ramasser assez d’argent, ils se dirigent vers l’Europe, par l’intermédiaire de passeurs locaux venant pour la plupart de Sabha, Awbari ou de Ghat. Ces passeurs perçoivent 200 dinars libyens par migrant homme et 400, voire 600 dinars libyens, par migrante femme. Nos sources indiquent d’ailleurs que les routes pratiquées par les passeurs sont « Issine », « Al Fayout », ainsi que les pistes qui longent les frontières africaines.
De son côté, le commandant d’instruction pénale à Awbari, M. Aissa Al Khir, affirme que l’observation des mouvements d’immigration clandestine des pays subsahariens vers la Libye révèle que C’est « Tajarhi » qui représente l’entrée principale. Ils se rassemblent au Niger, puis pénètrent dans Sabha, avant de se diriger vers le nord. Quant à Ghât et Awbari, ils ne servent de passage que pour un nombre très limité de migrants qui ne dépasse pas la dizaine.
Pour sa part, le Conseil Municipal de Ghât a recommandé dans une note adressée au gouvernement du salut libyen de fournir à la municipalité les moyens nécessaires à la mise en place de centres d’accueil conformes aux critères internationaux ainsi que les frais d’hébergement des flux sans cesse croissants de migrants. Il a aussi demandé qu’une commission spéciale soit envoyée des Nations Unies et de l’Union Européenne en Libye, plus précisément dans la ville de Ghât, afin de constater de visu la réalité des choses.
Le Conseil Municipal a par ailleurs souligné l’urgence de la mise en place d’une stratégie de développement basée sur la création de projets productifs et agricoles qui procureraient de l’emploi aux individus dans leurs propres pays et sur l’appui des projets communs entre les pays de l’Afrique subsaharienne et d’autres pays d’Afrique et d’Europe.