Originaire de Tobrouk, Houcine Jibril, affirme : «Stupéfiants et comprimés hallucinogènes deviennent désormais accessibles à tous et se vendent à très bas prix dans notre ville. De même, les magasins d’armes et de munitions prolifèrent à tel point que la chevrotine se vend dans les bureaux de tabac, sous le nez de la police et à un prix qui atteint les 150 dinars libyens, ce qui est une somme que n’importe quel jeune peut facilement se procurer ».
Notre interlocuteur confie : « Je suis père de jeunes adolescents et je m’inquiète pour eux. J’essaye de les élever selon les mêmes principes auxquels nous avons nous-mêmes été éduqués, même si les temps sont différents ». Il ajoute : «Des récits de meurtres sont rapportés tous les jours ; On sort les armes de guerre et la chevrotine à la moindre querelle qui éclate et le feuilleton des meurtres prémédités peut commencer pour les motifs les plus futiles ».
Ce souci travaille désormais de nombreux parents. C’est le cas du citoyen Abdallah Abidi, père d’un enfant de 10 ans inscrit à la quatrième année de l’enseignement primaire. Nous racontant son expérience, il dit : « Mon fils m’a demandé quelque chose de très étrange qui m’a enlevé les mots de la bouche. Il m’a dit le plus innocemment du monde qu’il voudrait un fusil de chasse. Il ne s’attendait pas à ce que je le gronde immédiatement ni à ce que je lui dise que cela est interdit et pénalisé par la loi. Il m’a répondu que son ami qui est inscrit avec lui à la même classe s’est vu offrir un fusil de chasse par son père à l’occasion de sa réussite ».
Abdallah Abidi commente en ajoutant : « Cette prolifération d’armes va inévitablement engendrer la criminalité. La preuve en est cette propagation des affaires de meurtres dans le milieu des jeunes à un rythme presque quotidien, avec bien entendu ce que cela implique de déplacement pour des familles entières. Le comble c’est la multiplication des meurtres au sein d’une même famille, ce qui ne s’était jamais vu auparavant, lorsque l’utilisation et la vente des armes de chasse étaient interdites avant la révolution de février ».
Notre interlocuteur revendique à ce propos la fermeture de tous les magasins spécialisés dans la vente des armes de chasse et demande que la vente soit réglementée par des normes sécuritaires.
De son côté, le colonel Ahmed Saad Choâib, directeur de la police à Tobrouk rassure : « Nous essayons de toutes nos forces de maîtriser le maintien de la sécurité à l’intérieur et à l’extérieur de la ville. Nous avons de fait fourni aux postes de police ce qui leur faut de mobilier et d’outils et nous attendons actuellement l’arrivée de nouveaux dispositifs sécuritaires qui amélioreront l’appareil sécuritaire de Tobrouk ».
Notre source explique encore : « Nous disposons d’équipes sécuritaires entraînées et expérimentées en matière d’enquête, d’instruction et d’arrestation. Elles ont réussi au cours de ces derniers mois à faire avorter la plus grosse tentative de contrebande visant à faire transiter illégalement 27 millions de pilules stupéfiantes du genre « Tramadol » qui, écoulées, nous auraient donné des centaines de jeunes drogués et fous ».
Le colonel affirme enfin que toute cette marchandise a été incinérée en présence de l’instruction publique et de tous les appareils sécuritaires et que ces derniers poursuivent encore la trace des contrebandiers, assurant qu’ils seront bientôt capturés.
Pour sa part, le colonel Omar Ahmed, directeur de la Police Municipale de Tobrouk déclare : « Nous avons des bureaux à l’intérieur et à l’extérieur de la ville pour pourchasser les produits alimentaires de contrebande qu’on fait passer et écouler, alors que la majorité d’entre elles sont avariées et impropres à la consommation humaine ». Considérant que l’arrivée de ces produits avariés sera source d’épidémies et d’intoxications pour la population, notre source explique : « La plupart des produits alimentaires périmés et avariés arrivent par voie illégale à travers le désert alors que d’autres pénètrent par le poste frontalier »
Il conclut en assurant : « La Police Municipale travaille jour et nuit pour contrôler les boulangeries, les boutiques, les barbiers et les restaurants afin de préserver la sécurité des citoyens. Tous les produits alimentaires et les viandes avariées sont incinérés et détruits de peur qu’ils ne parviennent au citoyen qui, tenté par leurs bas prix, les achète ».