La première vague migratoire vers la ville a commencé au mois de Ramadhan dernier, lorsque quelques familles locales ont entrepris d’accueillir leurs proches qui ont préféré quitter Benghazi au commencement des affrontements entre les Forces de l’Armée Libyenne et les milices de ce qu’on appelle le Conseil de la Choura de Benghazi.
Avec l’accentuation des combats, de plus en plus de familles affluaient vers la ville d’El Marj, venant notamment des régions de « Bennina » et « Bouatni ». C’est ce qui a poussé le Croissant Rouge Libyen, en collaboration avec le Conseil Municipal de la ville et avec le Secteur de l’Education et de l’Enseignement, à entamer un processus d’installation de ces familles dans les écoles d’El Marj.
Le nombre d’émigrés venant de Benghazi, de Tawergha et de Derna et vivant actuellement à l’intérieur et à l’extérieur des centres d’hébergement a en effet atteint les 3000 familles à El Marj et ses environs.
Au départ, seulement deux centres d’hébergement ont été ouverts. Mais avec l’intensification des flux migratoires au mois d’octobre, le Secteur de l’Education et de l’Enseignement a été contacté par le Conseil Municipal en vue de suspendre le cours de l’année scolaire et d’exploiter les locaux des écoles primaires dans le logement des multitudes d’immigrés arrivés dans la ville. Pour sa part, le coordinateur du Secteur de l’Enseignement à El Marj a donné des instructions pour que les cours soient suspendus et les écoles aménagées en vue d’être consacrées à l’accueil provisoire des familles immigrées venues du camp de « Al Hliss » dans la ville de Tawergha.
Les centres d’hébergement qui sont désormais au nombre de quinze se sont répartis sur le lycée Al Khawarezmi, l’Institut des Métiers, L’institut de la Santé, le Club d’El Mourouj et la Délégation des Scouts d’El Marj, en plus de la Faculté des Lettres et de la faculté des Sciences et de l’Education.
De son côté, avec nombre d’associations caritatives de la ville, le Croissant Rouge Libyen a présenté son soutien aux immigrés sous forme d’aide alimentaire et médicale, de vêtements et même d’outils d’ameublement.
Et pour soutenir les efforts de la ville d’El Marj qui, à force de s’être montrée généreuse envers les réfugiés, s’est retrouvée avec des réserves alimentaires exsangues, les responsables des centres d’hébergement ont reçu des caravanes d’aide humanitaire provenant du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et des régions de « Chatt El Bdine », « Temour », des habitants de la localité d’« Ajekhra », à l’ouest de la ville de Benghazi, de Benghazi, ainsi que d’autres régions voisines.
Avec l’augmentation du nombre d’immigrés dans la ville, il devenait nécessaire qu’une commission soit créée pour superviser les centres d’hébergement. Le Conseil Municipal a donc ordonné la constitution de cette commission qu’il a appelée « La Commission de Soutien des Hôtes de la Dignité ».
Ayant pour mission de suivre de près la situation des familles réfugiées dans les écoles et de leur présenter le soutient nécessaire sur tous les plans, cette commission a été composée du Conseil Municipal, de la Direction de Police Nationale, du Secteur de l’Enseignement, du Bureau des Affaires Sociales, du Croissant Rouge Libyen dans sa branche d’El Marj, de la Délégation des scouts d’El Marj, des organisations de la société civile et de la radio locale de la ville.
Abir Alissiri, porte-parole des Affaires des Personnes Déplacées affirme que la commission de crise a fait tout ce qui était en son possible pour satisfaire les besoins des familles immigrées se trouvant dans les centres d’hébergement mais que le manque de moyens et l’absence de soutien de la part de l’Etat freinent les efforts de cette commission.
Alissiri ajoute encore : « Suite à l’accalmie qu’ont connu les affrontements, nombre de familles ont décidé de retourner dans leurs régions d’origine. Ainsi, en exécution de la décision d’évacuation prise par le Conseil Municipal d’El Marj, l’Association Charité et Bienfaisance a donc été chargée de s’occuper des 80 familles restantes jusqu’à ce qu’elles soient transférées dans la ville de Benghazi et que la commission de crise de cette ville leur procure des lieux d’hébergement décents ».
Al Hajja Fatma, émigrée de la ville de Benghazi, résume la situation des réfugiés à El Marj et les difficultés auxquelles ils se trouvent confrontés aux centres d’hébergement en évoquant le manque de médicaments, la pénurie de couches et de lait pour les enfants, les toilettes communes qui sont à l’origines de plusieurs accrochages entre les familles, ainsi que la propagations des maladies, en l’occurrence psychiatriques, le tout au milieu d’une démission totale de la part du gouvernement qui ne tient pas ses promesses de soutien.