Tout le monde se rappelle comment la Méditerranée s’est transformée, en avril 2015, en un cimetière collectif pour les Africains qui rêvent de rejoindre l’eldorado. La plus grande catastrophe, ce fut le bateau qui a coulé le 19 avril 2015, faisant environ 800 morts, des jeunes obligés de quitter leurs pays, ‘chassés’ par la pauvreté, la famine et les guerres, notamment en Syrie mais, aussi, au Soudan, Erythrée, Burkina, etc.
Le jeune gambien Ibrahima a indiqué qu’il n’a rien à perdre. « Les membres de ma famille ont tout vendu pour m’envoyer en Libye. J’y ai passé deux ans, à Zwara, pour rassembler les mille euros nécessaires pour l’émigration », a-t-il précisé. Ibrahima a 22 ans et il a multiplié les petits boulots depuis son arrivée sur les côtes libyennes. « Aujourd’hui je maitrise la peinture et nombre de spécialités dans le bâtiment, ce qui me sera utile en Europe puisque ces spécialités sont très demandées », a-t-il ajouté.
Ibrahima sait très bien que le voyage sera périlleux. « Nous connaissons les dangers qui nous guettent en pleine mer, mais il ne s’agit pas d’une aventure. C’est notre seul moyen de nous en sortir. Si on veut éviter de mourir rapidement en mer, on mourra lentement chez nous. Ce voyage est notre seul espoir », a-t-il affirmé.
Le correspondant des voix des dunes sur une côte libyenne a expliqué à Ibrahima que le mois d’avril a été le plus meurtrier avec pas moins de 1300 émigrés clandestins morts noyés en Méditerranée, ainsi que la journée du 19 avril quand 800 personnes se sont noyés après l’écoulement de leur embarquements de fortune en face des côtes libyennes. Il lui a également dit que l’année 2015 a connu 30 fois plus de victimes que 2014 selon l’Organisation internationale de migration (OID).
Cependant, le jeune Africain a répondu, en regardant l’horizon: « personne ne peut échapper à son destin » .Il semblait insoucieux des chiffres que le correspondant des Voix des dunes continue à lui citer : « 5350 personnes ont péri en Méditerranée en 2015 contre 5017 en 2014 ». Mais Ibrahim ne pense qu’aux 350 mille personnes qui ont réussi à rejoindre l’Europe en 2015.
Cette envie pressante de passer à l’autre rive de la Méditerranée et l’absence d’une autorité capable d’y mettre fin en Libye aident à la prolifération de ce phénomène. Même les mécanismes mis en place par l’Union Européenne, surtout les pays du nord de la Méditerranée n’ont pas empêché les prévisions faisant part de l’arrivée d’un demi-million d’immigrés.
Concernant l’accroissement de ce phénomène, l’expert économique tunisien Sami Aouadi a indiqué que cette explosion sans précédent de l’émigration clandestine est étroitement reliée à la guerre, la pauvreté et la marginalisation. « Il ne faut pas oublier que le continent européen vieillissant, a besoin d’un sang neuf, expliquant cette volonté d'accueillir les réfugiés.
Le dossier de l’émigration clandestine, déjà complexe, est devenu plus compliqué à résoudre à cause de la situation en Libye et les affrontements entre les groupuscules armés et les contrebandiers.