Les citoyens considèrent que la presse a contribué grandement à la recrudescence des violences. Ils dénoncent l’absence de neutralité chez les journalistes.
Ali Seïfi, 27 ans, est originaire de la ville de Mardj, à l’Est libyen. Selon lui «Il est rare de voir un journaliste dire la vérité ; les journalistes se sont alignés suivant leurs origines et agendas politiques».
Dans le même cadre, la journaliste Khadija Al Amami, de Benghazi, déclare qu’«Il n’y a pas de neutralité totale dans le métier journalistique».
Salah Bounbaa, 30 ans, journaliste d’El Baïda, souligne pour sa part que «Chaque journaliste en Libye voit la patrie et la citoyenneté à sa façon (et que) la partie prise est la meilleure voie».
Quant au journaliste Ridha Fahil, 36 ans, de Tripoli, il appelle les journalistes à «s’aligner avec la lutte contre la corruption, le terrorisme et la contrebande».
Quant au Dr Larbi Ouerfelli, avocat et conseiller juridique, il pense que «ce qui se passe est un terrorisme intellectuel et une atteinte à la liberté d’expression et d’opinion». «La série d’assassinats parmi les journalistes et l’exode massif de ce qui reste, sont la preuve de ce terrorisme intellectuel sévissant dans les médias », ajoute-t-il.
Le journaliste de Mardj, Rabeh Abdelkader, pense que «Dans des cas exceptionnels et s’il y a de guerres, le journaliste doit s’aligner sur Allah, la patrie, la prévention contre la zizanie et l’appel à l’unité. Quant au ralliement à l’extrémisme, je considère que c’est un acte de mercenariat de premier degré. Si un journaliste est convaincu de l’idéologie takfiriste extrémiste, il ne mérite même pas qu’on lui adresse la parole ».
Fatma Ghandour, membre du corps éducatif de la Faculté des sciences de l’Information, dit que «Ce qui se passe en ce moment, c’est de l’incompréhension par le journaliste du rôle qu’il doit assumer, alors que le pays traverse une telle crise. C’est en de pareils moments que l’on perçoive l’essence du journaliste et son adhésion à la déontologie. Il doit être le moteur des appels à la paix pour faire éviter au pays les affres d’une guerre pouvant le renvoyer de nouveau au colonialisme ».
Il est à rappeler que Reporters Sans Frontières a lancé une campagne de lutte contre l’impunité des crimes qui visent les journalistes.