Cette réunion se tient alors que la Libye vit sous haute tension et risque la partition. C’est le Centre norvégien des ressources de la paix qui a parrainé cette première étape de Tunis en janvier dernier. Depuis, d’autres sessions se sont tenues en Egypte, en Jordanie, en Turquie.
Ce dialogue a été très commenté par les militants et hommes politiques. Certains y voient une voie vers la paix. D’autres mettent en cause sa portée et ses conséquences.
Des activistes pensent que «pour que le dialogue soit entre Libyens, il devrait se tenir en Libye notamment pour empêcher qu’il soit la proie des dictats et pressions des puissances étrangères».
Dans le même contexte, la députée frondeuse Hanan Challouf a exprimé, sur sa page Facebook, son opposition à ce dialogue. Elle avance un argument lié à «une Eglise norvégienne membre du Centre norvégien pour les Ressources de la Paix qui supervise le dialogue communautaire libyen» a-t-elle écrit.
Challouf poursuit: «vu que cette Eglise est membre de l’institution qui supervise le dialogue communautaire libyen qui visait, dans l’une de ses issues, à constituer un gouvernement de consensus national, on doit s’attendre à ce que la formule ‘le terrorisme n’a ni religion ni race’ soit remplacée par ‘l’islam c’est le terrorisme’, comme l’ont bien exprimé certains participants libyens. Ceci étant, il y a une suite logique à ce qui a été débattu: on demande un ‘islam modéré’ ; et c’est cette Eglise et d’autres Eglises similaires qui doivent décrire, séance tenante, les contours de cet islam demandé, c’est-à-dire pendant que se tient cette activité qui vise à changer le subconscient collectif d’une composante précise libyenne qui constituera plus tard le fer de lance du projet global».
Souleïmane Al Bouyoudi, président de la commission préparatoire de l’évènement, a expliqué, par téléphone, pourquoi la réunion s’est tenue en dehors de la Libye. Selon lui «toutes les villes libyennes sont marquées par la forte polarisation politique que connaît le pays et ont alimenté des questions passéistes pour augmenter la pression sur des parties qui refusent la fondation de l’Etat. Donc, il fallait sortir du cadre de la pression interne pour qu’il y ait un dialogue réel et serein. Ce que nous cherchions c’était le succès de la réunion qui avait pour objectif principal de rétablir le contact entre les parties et je pense que nous avons atteint notre objectif».
Réagissant sur les propos de la députée Challouf sur le Centre norvégien, Al Bouyoudi tempère : «ses propos traduisent son opposition à tout projet qui ne soit pas suscité par le courant islamiste auquel elle adhère. En réalité, je ne prends pas de tels propos comme critiques au projet ; je les classe plutôt dans le cadre de la polarisation politique et je pense qu’il s’agit-là d’une tentative désespérée visant à faire sortir l’évènement de son cadre». Mais, poursuit-il, «le respect que nous lui devons ne sera pas affecté à cause d’une déclaration que nous prenons comme une plaisanterie politique pleine de calomnies et de diffamation».
Rappelons que la session du dialogue communautaire, prévue février dernier à Al Baydha, tout comme celle prévue au Maroc, a été reportée sine die en raison des conditions de sécurité en Libye. L’essentiel, c’est de réunir les Libyens et d’avancer sur la voie de la réconciliation nationale.