Les forces de Daech à l’Est libyen ont subi fin février 2016 des revers successifs dans les villes de l’Est libyen, notamment Benghazi et Ajdabia. Les troupes de l’Armée nationale libyenne (ANL), dirigées par le Général Khalifa Haftar, ont repris plusieurs zones à Benghazi comme le port de Merissa, les quartiers Leithi, Sabri et Bouatni, ainsi que le marché de poissons, qui étaient sous le contrôle des milices de Daech, relève le correspondant sur place de ‘Dune-voices’. Les troupes de l’ANL sont en passe de sécuriser les régions qu’elles ont reprises, selon la même source.
Le Général Haftar a recommandé à ses troupes dans une intervention, dont l’enregistrement a été transmis aux médias, de ‘n’avancer qu’une fois les arrières sont protégés’. Haftar a également conseillé aux habitants de ne rentrer dans leurs quartiers libérés qu’une fois les services de déminage soient déjà passés par là pour s’assurer de l’absence de mines. « Il s’agit d’une victoire salutaire de l’armée et des jeunes des quartiers de Benghazi », déclare, à partir de Tunis, Jamel Bennour, l’ex-président du Conseil régional de Benghazi. Ce juge a fui Benghazi après deux tentatives d’assassinat.
Ce qui a changé
Les victoires des troupes de l’ANL ne se limitent pas à Benghazi, selon les correspondants de l’Agence dune-voices, présents également à El Marj (siège du quartier général de l’ANL) et Ajdabia. ‘Les forces de l’armée ont repoussé les miliciens de Daech à l’extérieur de la ville d’Ajdabia parce que ces miliciens n’ont cessé de perturber l’ordre public depuis décembre dernier’, a déclaré aux médias Mahmoud Bououssa, le porte-parole du conseil local.
Pour expliquer ces développements sur le terrain, l’universitaire et ex-membre du Conseil national de transition, Mansour Younes, pense que : ‘c’est l’alliance Fajr Libya qui a explosé. Les troupes de Daech et de Majlis choura el moujahdine ne sont plus ensemble’. Il donne en exemple ce qui s’est passé hier à Sabratha. ‘Les troupes du bouclier de l’Ouest et les milices de Sormane et d’Ezzaouia se sont associés à Majliss Choura Moujahdine Sabratha pour chasser Daech de cette ville, qui a été attaquée vendredi dernier par des avions américains’, ajoute l’universitaire. ‘C’est un peu ce qui se passe en Syrie avec Jabhet Ennosra qui se met contre Daech’, explique-t-il.
Et les troupes spéciales ?
Le politologue Ezzeddine Aguil va dans le même sens pour expliquer l’avancée spectaculaire des troupes de l’ANL face aux milices de Daech. Mais, remarque-t-il, cela ne veut nullement dire qu’il n’y a pas d’unités spéciales étrangères en Libye. Loin de là, assure-t-il, la Libye pullule de forces spéciales, déclarées et non déclarées. Il y a les forces spéciales italiennes qui protègent les installations du consortium pétrolier italien ENI, à Mellita, entre Ezzaouia et Sebratha, à l’Ouest libyen. Mais, il y aussi d’autres forces spéciales.
Aguil rappelle comment des militaires des forces spéciales américaines ont été refoulées, le 14 décembre dernier, de plusieurs bases aériennes dans l’Ouest libyen, notamment Myitiga à Tripoli et El Watiya au Nord-Ouest. Des photos de l’incident ont été publiées sur les réseaux sociaux et les Américains ont confirmé la nouvelle.
Les responsables américains ont alors dit que ces militaires sont venus ‘avec l’accord de responsables libyens’ pour ‘développer les relations et améliorer la communication avec leurs homologues de l’armée nationale libyenne’. Mais, des membres d’une milice locale (Zentane) ont demandé que ces personnes partent. Le responsable américain a alors souligné que ‘ce n’était pas la 1ère fois que des instructeurs américains viennent en Libye’.
Comme pour les Américains et les Italiens, les Français, les Anglais et les Espagnols sont présents en Libye, si l’on juge par les sociétés de sécurité, présentes sur place, remarque Ezzeddine Aguil, qui considère qu’il y a ‘un lien étroit entre ces forces et les services de renseignements de chaque pays’.