Même Khelifa Ghouil, qui a menacé d’arrêter les membres du Conseil présidentiel et a annoncé son refus de l’installation du gouvernement de Fayez Sarraj à Tripoli, semble compréhensif et docile et promet même de coopérer avec le Conseil présidentiel et exercer son rôle d’opposant pacifiquement.
Il est clair donc que la plupart du spectre politique tente de tourner la page. Ni l’élite, ni la société civile, ni les villes libyennes, le président du parlement, les médiateurs internationaux, les maires, le président du conseil suprême de l’Etat, ni le gouverneur de la banque centrale, les leaders populaires et les chefs tribaux ne veulent être associés à une perturbation du travail du gouvernement d’union, selon l’expert politique Ezzedine Aguil.
Il existe donc un accord de principe d’avoir un gouvernement d’union et celui de Sarraj peut l’être s’il arrive à résoudre les différends entre les multiples ennemis en Libye, y compris les milices et à s’imposer au parlement de Tobrouk. Le gouvernement d’union est la meilleure solution pour un pays qui vit dans une anarchie totale depuis le renversement du colonel Kadhafi. Sinon, il y aura une guerre civile.
Cependant, les experts en affaires libyennes admettent la difficulté de la mise en œuvre de cette union espérée. Sa mise en place demande certes des efforts colossaux de la part des parties libyennes en guerre, mais aussi de la part des parties prenantes au niveau international. Il est également nécessaire de répondre aux attentes de la communauté internationale et aux aspirations et priorités du peuple libyen. La communauté internationale a revendiqué clairement, lors de sa dernière réunion en Tunisie, le départ du gouvernement d’union vers Tripoli afin d’accélérer la lutte contre le terrorisme et l’émigration clandestine vers l’Europe. La stabilisation du pays permettra également aux pays occidentaux de dénicher des contrats de reconstruction de la Libye et l’exploitation de ses richesses, notamment le pétrole, selon l’expert Aguil.
Ce dernier estime que le peuple libyen est fatigué de la situation sécuritaire et socioéconomique. Il aspire à mettre fin à cette crise et espère la mise en place de structures capables de rebâtir l’Etat en instaurant une stabilité politique et en garantissant la sécurité pour tout le monde. Conscient de l’importance de réaliser ces accords, malgré les multiples difficultés et obstacles, le Conseil présidentiel du gouvernement d’union a insisté, dans son premier communiqué, sur la nécessité de la participation de tous les Libyens sans exception pour reconstruire le pays, affirmant que son objectif n’est pas de rester au pouvoir. Le plus important, selon Sarraj et son conseil, étant de rassembler les Libyens autour de l’union.