Le blocus est d’autant plus serré que l’unique route existante est coupée par le fait de la guerre opposant Téboo et Touareg à Oubari, privant ainsi cette région de l’unique artère vitale. Certes, il arrive que les belligérants permettent des passages sécurisés pour les produits alimentaires et les carburants. Mais, c’est selon les caprices des milices opposées. Ghat survit au blocus avec les moyens de bord.
Le jeune Ahmed Haddad, 32 ans, considère que la situation dans la région est très médiocre. « L’essence qui était à 15 piastres (0,01 DL) le litre, a grimpé à 2 dinars. Le bidon de 20 litres est désormais à 40 dinars. Le sachet de petits pains est passé de 25 piastres à 10 dinars. Le billet d’avion vers Tripoli a doublé de 175 DL à 350 DL. Et il n’y a plus de benne pour le transport des ordures », explique-t-il.
Fatma Amghar, une femme au foyer de 47 ans, se lamente de la cherté de la vie et de la rareté des produits alimentaires. « Il n’y a pas de liquidités dans la région depuis plus de quatre mois. On ne peut donc rien acheter pour nos enfants. Les camions de transport des marchandises ne sont autorisés de passer que deux fois par moi. La bouteille de gaz Butane a atteint les 80 dinars si jamais elle est là. Mais, généralement, elle est absente. L’électricité est régulièrement coupée. Une fois, la coupure a duré un mois entier. C’est dire les obstacles rencontrés pour vivre normalement », déplore cette dame.
Dans le même ordre des choses, Mohamed Ali, 34 ans, se lamente de la situation à l’hôpital public, où il réside. « Il y a un déficit cruel de médicaments et d’instruments médicaux comme les filtres des dialyses. L’hôpital est par ailleurs surchargé, notamment avec des patients qui viennent de l’extérieur de la région, en plus des réfugiés qui occupent plusieurs ailes. On déplore désormais plusieurs maladies contagieuses, qu’on isole avec les moyens de bord », insiste-t-il.
Le Directeur de l’hôpital, Abderrasoul Mohamed Mbarek, confirme les propos du patient. « L’hôpital est démuni surtout avec l’arrivée de réfugiés venant d’autres régions. Il y a un déficit flagrant de carburant, de médicaments et d’instruments médicaux, ce qui influe drastiquement sur les prestations offertes aux patients. On ne dispose pas d’énergie pour faire fonctionner plusieurs appareils médicaux et ramener le cadre paramédical qui habite loin », regrette-t-il.
Dr Mbarek conclut que l’hôpital serait fermé s’il n’y avait pas des âmes charitables qui nous aident à faire face aux difficultés de la vie. Il a mis l’accent sur le fait que les cas urgents sont transférés à l’hôpital de terrain de ‘Tin Koum’ sur la frontière algérienne.
Les banquiers de Ghat vivent également sous le blocus qui explique la rareté des liquidités dans la zone. « Les sociétés de transport ont exigé 22.000 dinars pour transférer le montant de 700.000 DL par avion, de Tripoli à Ghat », dit amèrement à Dune-voices, le directeur de l’agence bancaire ‘le comptoir commercial’, Ahmed El Askri. Il attend une intervention du ministre du tourisme pour résoudre ce problème.
Entretemps, Ghat continue à vivre sous le blocus.