La Journée Mondiale de l’aide humanitaire, célébrée le 19 aout à travers le monde, a été une occasion pour Ali Zaâtari, le coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU en Libye, afin de revenir sur la situation catastrophique vécue par ce pays en quasi-guerre civile. Dans une déclaration aux médias, Ali Zaâtari a mis l’accent sur le fait que les Libyens vivent la pire situation depuis le début de la crise en raison du chaos sur le terrain, la détérioration des services et la fragmentation de l’autorité. « Regardez l’intensité du conflit Est / Ouest et, parfois même, avec le Sud, ce qui a créé d’importants besoins humanitaires fondamentaux, comme l’eau, l’électricité et l’hygiène, aussi bien pour les Libyens, que pour les immigrés et les réfugiés », a remarqué le responsable onusien.
Malgré l’attention internationale focalisée sur la Libye, l’aide réelle arrivant dans ce pays est loin des attentes des organismes humanitaires travaillant dans ce pays, notamment qui relèvent de l’ONU. Ainsi, les 100 millions de dollars, annoncés par les bailleurs de Fonds internationaux depuis Juin dernier, n’ont pas été débloqués, selon Jaâfari. «Ces fonds sont destinés au maintien de l’infrastructure de base (eau, électricité et santé) et devaient passer à travers les mairies. Mais, rien n’a été fait dans ce sens », déplore l’expert onusien.
L’évaluation des Libyens rejoint l’approche de l’ONU. Le politologue Ezzeddine Aguil reproche aux autorités libyennes et aux organismes internationaux de n’accorder qu’un intérêt restreint au citoyen libyen dans les multiples manœuvres qu’ils ne cessent de faire concernant la Libye. « Les gouvernements des deux bords trouvent de l’argent pour les armes et les munitions. Mais, pas de fonds pour les médicaments et la réparation des installations d’eau et d’électricité. Et, même la communauté internationale, elle n’accorde aucun intérêt significatif aux soucis des citoyens », s’insurge le politologue.
La situation ne se limite pas aux Libyens. Dans ses rapports sur la situation en Libye, les statistiques de l’ONU indiquent que la situation de guerre n’a pas empêché que 150.000 étrangers se trouvent encore en Libye et sont classés comme étant des immigrés. En plus, il y a 100.000 autres étrangers dans ce pays, à la recherche de refuge ou cherchant à émigrer en Europe. La Libye étant un pays de transit depuis les temps d’El Gueddafi. La situation s’est empirée avec l’effondrement des frontières du Sud. Ezzeddine Aguil reproche à la communauté internationale qu’elle ne « cherche qu’à limiter la migration vers l’Europe, en essayant de contrer les vagues des bateaux vers les côtes européennes mais ne fait rien pour ceux qui sont déjà en Libye ».
Présentée sous cet angle, la guerre ne représente certes qu’une partie de la crise en Libye. Mais, « la crise politique est toutefois la raison fondamentale de ce chaos », explique Professeur Abdelkader Kadura, membre de la commission des 60, chargée de rédiger la Constitution libyenne. « Tout le problème réside dans l’absence d’un véritable dialogue national qui tient en considération les réalités sur le terrain », ajoute Professeur Kadura, qui croit que des prémisses de solution sont en train de surgir entre les belligérants de la crise libyenne.
Entretemps, l’opération du ‘bloc uni’ contre Daech à Syrte se poursuit avec le soutien de l’aviation américaine. Les troupes de Daech sont actuellement retranchées dans les quartiers résidentiels II et III à Syrte, avec tous les risques pesant sur la population locale. Les milices de Daech procèdant par des voitures piégées, comme ce fut le cas hier avec deux explosions entrainant une dizaine de morts et une quarantaine de blessés parmi les forces loyales au gouvernement d’Union nationale de Fayez Sarraj.
A Benghazi, la situation est similaire à Gaouercha, 20 km à l’Ouest de la ville, les troupes de Daech et de ses alliés sont cernées dans un petit carré de quelques kilomètres. Quelques centaines de citoyens, notamment des Soudanais, seraient avec les milices dirigées par Wissam Ben Hmid. Les troupes du Général Haftar essaient de s’emparer de cette zone depuis plus de deux mois.
La crise libyenne n’est pas près de finir et ce sont les citoyens qui paient un lourd tribut.