L’une des élèves du secondaire de l’Ecole arabe de Tunis pense que ces sureffectifs posent «un gros problème qui a des impacts négatifs sur la compréhension des leçons. Au début de l’année, le nombre des élèves d’une classe ne dépassait pas 16 alors qu’il atteint actuellement 35» précise-t-elle. «Les tables ne sont pas adéquates et le professeur ne peut pas faire comprendre les leçons à cause de l’agitation et l’excitation» ajoute-t-elle. La jeune élève dit qu’elle tente de s’adapter avec cette ambiance qu’elle ne s’explique pas.
Un autre élève, Ali Hakim partage l’avis de sa collègue. Selon lui, «trois élèves se partagent la même table, le professeur ne peut pas gérer les élèves, et l’école n’a même pas une cours de recréations».
Pour sa part, Abdel Karim Zamzam, parent d’élèves, se plaint de l’anarchie et de la congestion de l’école, ainsi que l’indifférence chez les enseignants et chez la direction de l’établissement. «On vient de renouveler l’administration de l’école», a-t-il dit, «et pourtant, rien qu’hier après la recréation, les élèves du secondaire ont refusé de rentrer en classe, préférant squatter une autre salle ailleurs et semant la zizanie dans la zone» a-t-il poursuivi. Zamzam remarque que «sans la discipline, il est certain qu’il n’y aura pas d’apprentissage». Il énumère parmi les problèmes de l’école l’absence d’enseignantes et le recrutement d’un grand nombre d’enseignants privilégiant la quantité sur la qualité.
Abdel Monem Ahmed Rajiaa, le directeur de l’école matinale fraîchement nommé, dit que le bâtiment n’est pas conçu pour être une école. «C’était le siège du consulat de la Libye. Ce qui explique l’inconfort des classes qui reçoivent en moyenne 25 élèves» a-t-il martelé. «L’école fournit l’enseignement primaire et secondaire. Elle reçoit 860 élèves en deux sessions: la session matinale et celle de l’après-midi», a-t-il ajouté. Précisant que «c’était la seule solution pour ces élèves qui viennent quasiment tous de la Libye».
Le directeur note que «tout est disponible à l’école: les livres, le laboratoire des sciences, la plupart des légendes et des moyens d’illustration… Le seul problème c’est le nombre élevé des élèves dans les classes». Il rassure: «Nous assurons cette opération jusqu’à l’amélioration de la situation en Libye et nous disposons des enseignants les plus professionnels disponibles». Selon lui, «les enseignants ne s’absentent jamais ni ne ménagent aucun effort bien qu’ils ne soient pas payés depuis octobre».
Le directeur de l’école à l’après-midi, Mohamed Ali Belaid, reconnaît que l’encombrement des classes a des répercussions négatives sur le processus éducatif. Il explique qu’«avec de telles conditions, les enseignants, aussi excellents soient-ils, auront toutes les difficultés à faire un bon travail». D’après lui, «l’école a reçu l’année dernière 300 demandes d’inscriptions d’élèves et, cette année elle a reçu le double». D’où «il est urgent de trouver une deuxième école ou un bâtiment plus grand».
Belaid ajoute que le moment le plus difficile c’est entre les deux sessions. Car, «l’ambiance devient incontrôlable, l’école ingérable, le mouvement impossible, avec 860 élèves qui se trouvent dans le même cours dont on ne sait qui est quoi. Ce qui mène à raz-de-marée au sein et en dehors de l’école».
Le Président de la Commission des écoles libyennes provisoires en Tunisie, Ahmed Al Amari Ali, a déclaré au correspondant du MDI, que ces écoles ont été crées en 2013 en vertu de l’ordonnance n° 187 du Conseil des Ministres. Suite à des discussions avec les autorités tunisiennes, a-t-il ajouté, 5 écoles ont été crées à Tunis, Hammamet, Sousse, Sfax et Mehdia. Par la suite, seuls 650 élèves se sont inscrits. Alors, et dans le souci d’accentuer sur la qualité, il a été décidé de réduire à 3 leur nombre. Du coup, on a gardé les écoles de Tunis, Hammamet et Sousse. Mais, on a englobé les écoles de Sfax et Mehdia en une seule école. Selon lui «il a été question de fermer l’école de Hammamet. Mais, les récents évènements de Tripoli ont conduit beaucoup de familles libyennes à chercher refuges en Tunisie». Avec cet exode, l’école a reçu 1884 nouveaux élèves. Certaines classes se sont trouvées avec 45 élèves.
«Nous avons sollicité le gouvernement pour trouver une solution à ce problème, que ce soit par l’augmentation du nombre des classes ou par la construction d’une nouvelle école. Mais la situation actuelle du pays empêche de prendre la décision adéquate. Et par ailleurs, la même situation barre la route au paiement des enseignants depuis des mois» a-t-il expliqué.
Le surpeuplement des écoles n’est pas le seul problème éducatif des libyens réfugiés en Tunisie. Car, les bacheliers libyens n’ont pas accès aux universités tunisiennes. A cause de leur inconnaissance du français.