C'est le besoin qui a poussé Fethi Abdelhalim Abou Oussa, né en 1980 dans la ville de Tobrouk, à réaliser ce défi. L'histoire a commencé quand il avait assisté au décès d'une femme pendant son accouchement. « On n'a pas pu détecter la compatibilité du groupe sanguin d'un donateur avec celui de la femme à temps », regrette-t-il.
Abou Oussa raconte: "En 2002, j'étudiais à l'Institut supérieur de santé et je travaillais au laboratoire de l'hôpital militaire pendant les vacances d'été. Une fois, un médecin Irakien m'a demandé de ramener une poche de sang pour une maman dans la salle d'accouchement. L'infirmier m'a indiqué le groupe sanguin nécessaire. J'ai entamé les procédures pour détecter la comptabilité de cette poche de sang, fournie par la banque de sang, avec le groupe sanguin de la mère.
"Selon les procédures en vigueur et les équipements dont nous disposions, il fallait attendre une heure et demie pour avoir le résultat. Malheureusement, la mère est décédée avant d'obtenir le résultat, suite à une hémorragie. C'était un choc et je me suis senti profondément attristé", se souvient-il.
Il ajoute: "Je me suis senti coupable de son décès bien que c'était de la faute de la lenteur de l'obtention des résultats de la compatibilité sanguine. Je me suis demandé: pourquoi n’ y a-t-il pas une machine qui peut reconnaitre le résultat rapidement?"
Le jeune libyen a commencé à travailler sur le sujet en posant des équations et des problématiques. Au début, il ramenait les échantillons de sang aux laboratoires de la faculté d'ingénierie et essayait de résoudre ces équations à l'aide de ses amis, puis au laboratoire d'un médecin libyen jusqu'à l'achèvement des travaux de maintenance du centre médical de Tobrouk, afin d'inventer la machine.
"J'ai travaillé au laboratoire afin de concorder mes équations pour avoir un résultat au bout de quelques minutes", a-t-il affirmé, faisant part de sa grande joie quand il a obtenu le résultat tant attendu au bout de 5 minutes.
"J'étais aux anges et je dois cette invention à tous ceux qui m'ont aidé malgré les obstacles que m'ont mis quelques agents et auxquels j'ai fait face", raconte-t-il.
Le travail sur la machine a commencé à la station de vapeur de Tobrouk avec l'aide du directeur adjoint de la station et en collaboration avec quelques techniciens. Sa fabrication a pris 6 mois, avant d'entamer la phase expérimentale qui a été une réussite absolue.
La machine a été testée en Tunisie, en Egypte, au Soudan, aux Emirats et au Koweït, ainsi que dans quelques pays européens à l'instar de l'Italie, de la Grande-Bretagne, du Suède et de l'Allemagne.
Les expériences, réalisées sur plus de 42 échantillons, ont été un franc succès. L'invention a obtenu le brevet de l'université de Sheffield et est entrée en vigueur officiellement en 2015.