Afin d’observer l’état de l’infrastructure et des commodités au sein des établissements, Dunes Voices a effectué une visite de terrain au lycée « Al Farouk » dans la région de Ghat, située au sud de la Libye. Recensant à peu-près mille habitants, la ville compte trois établissements scolaires pour l’enseignement de base et le cycle préparatoire, ainsi que le lycée « Al Farouk » qui accueille près de 367 élèves.
Cet établissement scolaire a connu plusieurs reconversions. Il a d’abord été conçu pour l’enseignement de base et le cycle préparatoire, avant d’être transformé, il y a dix ans en lycée. En effet, étant donnée la surcharge d’élèves au lycée Omar Al Mokhtar, un échange de populations a eu lieu entre les deux établissements, suivi d’un changement de nom par lequel l’école a été appelée « L’école spécialisée Al Farouk ». Lorsque, par la suite, les lycées spécialisés ont été fermés en Libye, l’établissement est devenu « Lycée général ».
L’élève Mohamed Echmed témoigne des conditions de scolarité en disant : « L’hiver est impitoyable avec nous… Les fenêtres du lycée étant cassées, nous sommes transpercés de froid pendant l’hiver et de chaleur pendant l’été. Nous sommes même obligés de ramener tout ce dont nous avons besoin de chez nous, de même que nous accomplissons nous-mêmes, en collaboration avec le cadre enseignant, les travaux de restauration et de peinture des murs ».
Une autre élève, Rabiâa Hassan, résume la situation en disant : « Les débuts de l’école étaient excellents et les cours se déroulaient de façon satisfaisante. Mais l’enseignement n’y est plus comme avant… Les conditions sont si mauvaises que l’école n’a plus de portes désormais ! ».
Barka Jibril est professeur d’arabe et il nous fait part des conditions de travail : « Les équipements fournis par l’école ne dépassent pas les 10 % et représentent des chaises, des tableaux noirs et quelques livres. Le reste des équipements et des fournitures sont quasiment inexistants. On nous avait fait des promesses autrefois mais elles n’ont jamais été tenues ».
Jibril explique encore que les laboratoires de physiques, de chimie et de sciences de la vie et de la terre se sont transformés en salles de classes, faute d’espace suffisant pour assurer les cours et pour augmenter la capacité d’accueil des élèves dont le nombre ne cesse d’augmenter. L’enseignant ajoute que cette école fréquentée par 367 élèves ne dispose que d’un seul cabinet de toilettes dont la superficie ne dépasse pas un mètre carré et qui se trouve dépourvu de robinets d’eau courante. Cela fait cinq années que tout projet d’aménagement des toilettes est à l’arrêt.
Miled Lahdhiri, responsable de l’éducation et de l’enseignement dans la ville de Ghat, déclare à Dunes Voices que la rénovation du Lycée « Al Farouk », tout comme des autres établissements de la ville, était assurée par l’Appareil de Développement des Bâtiments Administratifs dans l’ancien état libyen. Certains organismes de réaménagement avait d’ailleurs été chargés des travaux mais, pour diverses raisons, ils n’ont pu s’assurer de la tâche qui est restée à l’état de projet.
Notre interlocuteur ajoute à ce propos que les responsables de l’éducation et de l’enseignement de la ville de Ghat, ont écrit au Ministère à ce sujet et ont envoyé des rapports détaillés sur l’état de ces écoles qui sont d’ailleurs classées parmi les établissements scolaires nécessitant des travaux de rénovation urgents mais que lesdits travaux dépendent finalement de la stabilité économique de l’état.
A la question de savoir pourquoi certains problèmes, malgré tout assez simples, n’ont pas été résolus au lycée « Al Farouk » et aux autres établissements de Ghat, Lahdhiri répond que s’il est vrai que les études n’ont pas été interrompues dans les écoles, il n’en reste pas moins vrai que l’absence de financements a enlisé la situation. « A la Direction de l’Education et de l’Enseignement, nous avons inclu ces question dans la liste des réparations urgentes et dès que les financements seront disponibles, les travaux de remise en état des fenêtres, entre autres, seront possibles, sachant qu’aucun budget n’a été accordé à ces établissements depuis 2013 ».