Pourtant, la mairie de Tobrouk est considérée comme l’une des plus grandes municipalités de Libye en termes de superficie. Elle s’étend de la région de Ain Ghazala (Ouest), à celle de « Kambout » (Nord) et à la section municipale «Jaghbout » (Sud).
Pour exprimer son ras-le-bol, le doyen affirme que « les habitants de Tobrouk ont fait du mal à leur ville et ont contribué à la perte de nombreux projets malgré les efforts des membres du conseil municipal pour surmonter les obstacles, précisant que les violations du plan national et la suspension de plusieurs projets sous prétexte de contentieux foncier concernant les domaines a empêché l’évolution souhaitée de la ville.
Au milieu de cette anarchie et en l’absence de la loi, le conseil municipal a rencontré plusieurs problèmes, notamment l’appropriation par des intrus de plusieurs domaines de l’Etat et des établissements gouvernementaux, à l’instar de celles de la garde municipale au centre-ville, à Souk Ajaj et de la zone industrielle. D’autres intrus se sont également approprié le siège du cabinet de comptabilité, celui de la surveillance administrative, celui des enquêtes sur les passeports, le conseil de la planification, le siège de la sécurité intérieure, de la fiscalité, de l’électricité au centre-ville et même celui de la maison des poètes.
Les biens publics comme les réseaux d’eau et d’électricité ont également été vandalisés. Les constructions anarchiques se sont propagées. Nombre de bâtiments publics ont été démolis et remplacés par d’autres constructions, contraignant quelques organismes gouvernementaux à chercher de nouveau sièges.
La situation environnementale de la ville s’est dégradée après le saccage des stations du sondage de l’eau noire, engendrant l’inondation des quartiers par l’eau sale. La municipalité était donc obligée de chercher un endroit adéquat pour servir de décharge.
Dans ce cadre, le doyen a sollicité l’aide des habitants et des sages, les appelant à lever la couverture sociale qu’ils offrent aux hors-la-loi.
Om Ahmed, une veuve qui squatte un siège gouvernementale, dit que son mari se l’est approprié après la révolution de février. « Nous habitons une petite maison avec la famille de mon mari. Il a profité de l’anarchie qui a accompagné la révolution pour prendre de force ce siège », a-t-elle raconté.
Elle ajoute : « mon mari est décédé d’une maladie chronique après la révolution. Mes trois enfants et moi continuons à habiter ici. Je ne sais pas ce qu’il en sera de nous si on nous expulse ».
Un autre habitant qui a désiré garder l’anonymat a affirmé, en toute confiance : « Cette terre sur laquelle est cet établissement gouvernemental, m’appartient. Je l’ai héritée de mon grand-père. L’ancien régime me l’a enlevée sans que nous ne puissions dire quoi que ce soit. Maintenant que nous sommes libres et que nous avons tué Kaddafi, c’est mon droit de récupérer mes terres. Je n’ai pas pris un domaine de l’Etat comme on raconte. C’est ma terre, mon bien, et je n’en sortirai que mort ».
Khlifa, un autre jeune, la trentaine, a construit des commerces sur la voie publique. Il nous a raconté qu’il l’a acheté de chez quelqu’un sans terminer les procédures administratives, mais il m’a garanti que c’est bien la sienne. Il m’a même donné une feuille signée par des témoins ».
« La garde municipale a essayé de m’arrêter. Je me suis bagarré avec eux. Et comme je possède une arme, je les ai menacés en leur disant que quand l’Etat sera mis en place et que la loi sera instaurée, je déclarerai ce que je possède. Je l’ai acheté avec mon argent et il s’agit d’un projet d’investissement pour moi et mes enfants », a-t-il indiqué.
Le doyen estime que l’anarchie s’est installée dans la vie, comme les autres villes de la Libye après la propagation des armes et l’absence d’une loi persuasive. Même les agents de sécurité ont peur en l’absence d’une loi qui les protège. La municipalité est désormais incapable de réaliser des projets en faveur du citoyen, devenu, selon lui, son propre ennemi.
Le président du comité d’investissement de la municipalité a affirmé que la ville a accueilli des investisseurs de tous les pays du monde désireux de réaliser des projets à Tobrouk. « Nous disposons de statistiques faisant part de la perte de 16 projets à cause de l’indisponibilité de domaines pour les construire ou de l’interdiction de leurs propriétaires sous prétexte qu’ils possèdent descc preuves attestant qu’ils sont bel et bien les propriétaires », a-t-il ajouté.
Plusieurs projets n’ont pas vu le jour à cause du réseau d’eau ou de la suspension du creusement du puis d’Ahbich. La construction de huit sièges gouvernementaux a également été suspendue.