La rencontre de Madame Najia Kout, une libyenne septuagénaire qui se rend fréquemment en Tunisie pour se soigner, dans l’une des plus grandes cliniques de Tunisie, celle qui reçoit le plus de patients libyens, elle a donné un aperçu sur sa situation et les problèmes qu’elle rencontre à la clinique.
Elle a indiqué qu’elle se rend en Tunisie pour se soigner depuis qu’elle a eu une attaque cardiaque en 2012 parce que c’est la destination la plus proche pour prendre les soins et faire les diagnostics. Mais, elle s’est plainte de la hausse des coûts des soins, affirmant qu’elle dépense désormais 4000 dinars libyens en une semaine pour les visites, la révision et les frais occasionnés qui ne cessent d’augmenter avec la baisse de la valeur du change.
Nous avons également rencontré Abdallah à la clinique. Ayant été blessé à la tête par une balle perdue, il dit que sa situation n’est pas meilleure que celles des autres patients et qu’il a été victime d’exploitation, surtout que c’est la première fois qu’il se rend en Tunisie pour se soigner.
« J’arrive à peine à gagner ma vie à cause de la hausse des prix et ma famille ne peut pas m’envoyer de l’argent à cause des problèmes bancaires et de transfert en Libye », a-t-il précisé. Il est actuellement au chômage et il vit grâce aux dons de ses amis résidents en Tunisie. Cette situation l’a poussé à penser à rentrer en Libye pour y poursuivre son traitement.
Ali, originaire de Benghazi, a rejoint la discussion. « Nous n’avons pas le choix puisque la Tunisie est le pays le plus proche et qui permet encore aux Libyens d’y entrer sans visa.
Ali a accusé l’Etat libyen de cette situation, affirmant que c’est la guerre qui a fait que les Libyens deviennent une « marchandise» pour les bailleurs, les propriétaires des cliniques et mêmes les chauffeurs de taxis. Son calvaire n’est pas prêt de se terminer. Il doit chercher un autre pays pour greffer des membres à la place de ceux qu’il a perdus.
Afin de connaitre les raisons d’une telle exploitation des patients libyens, nous avons rencontré le docteur Slim, médecin généraliste, qui se trouvait aux urgences. Il a affirmé que l’exploitation existe bel et bien et que seuls les cupides font du commerce avec les patients.
Il a par contre expliqué ce phénomène par la dégradation rapide du secteur de santé en Libye et l’arrivée d’un grand nombre de patients libyens pour se soigner, précisant que le staff médical des cliniques assure une qualité de soin supérieure.
Quant à la hausse des prix dans les cliniques, il l’a expliqué par la hausse du coût de vie en Tunisie. « Les cliniques ne peuvent compter que sur l’autofinancement pour survivre, sans oublier la situation transitoire de l’économie tunisienne et l’orientation générale faisant du secteur de la santé une source de revenus et d’investissement.