Rappelons que la fermeture des établissements universitaires à partir de l’année dernière à Bengazi et Sirte s’est faite progressivement en parallèle à la détérioration de la situation sécuritaire. La faculté d’ingénierie de Bengazi a été la scène du kidnapping de l’étudiant Mohamed Issa Mohamed Cherif au début de l’année universitaire 2014/2015. Mennet allah Walid Mohamed, une étudiante égyptienne de 15 ans, a également été enlevée de la rue Cherif à Bengazi au mois d’avril 2014. Une autre étudiante a été tuée et plusieurs autres blessés après qu’un inconnu ait ouvert le feu à l’université de « Sabha ». Mais le fait le plus marquant reste l’enlèvement du doyen de la faculté d’économie, Ahmed Aboulsin, à Tripoli le 13 novembre 2014.
L’absence des services de sécurité, la prolifération des armes et la nonchalance des étudiants et des enseignants ont engendré la dégradation de l’éducation et la propagation de l’anarchie dans les universités libyennes tout au long des dernières quatre années. Les explosions de la ville d’Al Qubbah en 2015 ont eu des répercussions néfastes sur l’ensemble des universités, poussant ainsi les tribus et les directions de sécurités des villes universitaires à dialoguer avec la direction générale de l’université afin de trouver un moyen garantissant la réussite de l’année universitaire et sécurisant les universités contre les attaques terroristes.
La question sécuritaire n’est, malgré son importance, pas l’unique problème dont l’enseignement supérieur fait face en Libye. Mohamed Hassi, étudiant à la faculté des sciences à l’université Omar Mokhtar à Baydha, affirme que le manque de modules éducatifs, notamment en ce qui concerne les spécialités scientifiques a ralenti le cursus universitaire, ajoutant que les méthodes éducatives ne sont pas à jour. Il a également mis en exergue l’aspect financier. Le retard du versement de la bourse universitaire a engendré l’abandon des cours. Les livres, les bulletins de conférences et le transport coûtent chers.
Plusieurs étudiants de différentes universités libyennes ne se sont pas fais prier pour parler des difficultés qu’ils rencontrent pour étudier et évoquer l’anarchie qui règne sur le pays.
L’absence de sécurité au sein des établissements universitaires est un vrai problème. Selon une étudiante de la faculté d’économie et des sciences politiques à l’université de Tripoli, les agents de sécurité présents sont indulgents face à ce qui se passe. Un autre étudiant de la faculté des sciences a affirmé ces dires, mettant en exergue l’absence d’un plan de sécurité ferme. « Nous accédons à l’université, munis de nos sacs, sans aucune fouille de la part des agents de sécurité qui ne sont pas toujours à leur poste », a-t-il ajouté, remerciant Dieu que les étudiants ne portent pas de bombes.
La guerre et les attaques terroristes ont nuit à l’année universitaire, surtout depuis février 2015 et l’attaque d’Al Qubbah. Mais la situation est pire à l’université de Sirte, où les terroristes de Daech imposent leur contrôle absolu. Les cours sont entièrement suspendus et l’organisation s’est accaparée de tous les établissements administratifs au complexe universitaire. Un nouveau cursus éducatif est en cours d’élaboration.