« Mais, certains de ces jeunes sont également impliqués dans les réseaux mafieux, et même dans le trafic des armes », remarque un cadre de la douane tunisienne, qui a requis l’anonymat. « Il faut donc bien ouvrir les yeux », ajoute-t-il.
La situation au Sud tunisien s’est empirée par le fait que le gouvernement de Habib Essid n’est pas parvenu à aller de l’avant dans les réformes nécessaires pour la transition socioéconomique. Les citoyens continuent toujours à attendre les promesses qui leur ont été faites depuis maintenant cinq ans.
Par ailleurs, il est clair que la désillusion commence à s’installer, surtout chez ceux qui avaient cru que l’argent de Ben Ali allait servir pour combattre la marginalisation, voire être distribué aux plus pauvres. Pour les autres, ceux qui aspirent juste à une amélioration de leur sort, la feuille de route vient d’être mise à l’ordre du Jour.
L’action gouvernementale en 2016 est certes en train de s’intéresser aux projets qui ont été programmés, par les gouvernements précédents, mais n’ont pas été réalisés. A cet égard, le gouvernement de Habib Essid a réalisé des progrès très sensibles. Les taux de réalisation des projets annoncés par ce gouvernement, a été supérieur à la moyenne pour la plupart des ministères, à l’instar de la Santé, où Saïd Aïdi annonce plus de 90 % de réalisations parmi les objectifs escomptés en 2015.
Mais, ceci n’empêche que la déception citoyenne se généralise, faute d’une communication efficace de la part de la présidence du gouvernement et de la plupart des ministères. Faute, également, d’un soutien de la part des partis politiques. Aucun parti ne veut désormais s’identifier au gouvernement de Habib Essid pour ne pas subir les répercussions de ses échecs. Cela se voit dans le processus en gours du gouvernement d’Union national. Le quator au pouvoir veut se débarrasser du chef du gouvernement.
Pourtant, ce gouvernement a obtenu la confiance de la part de ces quatre mêmes partis : Nidaa Tounes, Ennahdha, l’UPL et Afek Tounes. Mais, rares sont les occasions où les dirigeants politiques de ces partis ont soutenu les choix du gouvernement, ni soutenu les actions de l’équipe de Habib Essid.
Pour le prochain gouvernement, qui va s’installer, les choses doivent changer. Les partis politiques de la coalition sont appelés à soutenir ‘leur’ gouvernement, notamment Nidaa Tounes, qui dispose de neuf ministres dans l’équipe de Habib Essid. Mais, sept parmi eux ont publié une motion pour le remplacer !
Il est donc normal que les jeunes du Sud (du bassin minier ou des iles de Kerkennah) se soulèvent et appellent à des changements. Personne n’a bougé le petit doigt pour les encadrer, ni à rationaliser les rapports avec les zones marginalisées, pour aspirer la désillusion rampante. La stabilité sociale passe par là.