Radhia Nasraoui, présidente de l’Organisation, a affirmé lors d’une conférence de presse à Tunis que « 62 % des cas de torture ont été signalés dans les gouvernorats du Grand Tunis (Tunis, Ben Arous, l’Ariana et Manouba), ainsi qu’à Bizerte et Zaghouan ».
« La proportion de la torture dans les prisons du nord-ouest est de 19%, alors qu’elle est de 12 % dans le centre et le sud. Au Cap-Bon et au Sahel, elle est de 7 % » a-t-elle déclaré, estimant que « la torture est aussi brutale et sauvage que le terrorisme » et que « la lutte contre le terrorisme ne justifie en aucun cas la violation des droits de l’Homme ».
Selon le rapport annuel de l’Organisation, 86 % des victimes sont des hommes tandis que 62 % des cas de torture se déroulent dans les postes de police, 24 % dans les prisons et 14 % dans les postes de la Garde nationale.
L’Organisation recense par ailleurs plusieurs formes de violations : torture, mauvais traitement, mort suspecte (mort sous la torture), menaces, viol et arrestation arbitraire.
Nasraoui précise que ces violations sont motivées par «la volonté d’arracher des aveux aux détenus et aux personnes en état d’arrestation (20 %), la volonté de punir (54 %), la discrimination (11 %) et l’intimidation (15 %) ».
L’ONG Amnesty international avait de son côté appelé les autorités tunisiennes à « mettre un terme à l’impunité des fonctionnaires qui recourent à la torture et aux autres formes de mauvais traitement, en ouvrant des enquêtes exhaustives et indépendantes et en traduisant en justice tous ceux dont l’implication dans de tels actes est avérée ».
L’organisation internationale a par ailleurs appelé dans un rapport intitulé « les violations des droits de l’Homme dans le cadre de l’état d’urgence en Tunisie » publié mi- février, à « garantir la conformité du traitement des détenus pour interrogatoire dans des crimes en rapport avec le terrorisme avec la loi et les normes internationales ».
En guise de réponse, Mehdi Ben Gharbia, ministre des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l’Homme, a assuré que les droits de l’Homme sont un système de gouvernance en Tunisie, affirmant « l’engagement du gouvernement d’Union nationale à gagner la guerre contre le terrorisme et l’extrémisme et sa détermination à consolider les droits de l’Homme ».
Le ministre a réitéré « l’ouverture du gouvernement à la coopération avec les organisations et les associations de la société civile, nationales et internationales, dans l’objectif de lutter contre toute forme d’atteinte aux droits de l’Homme ».
Selon les déclarations de Ghazi Jribi, ministre de la Justice, le nombre des prisonniers tunisiens s’élève à 22 000.
Houssem Bouchiba