L’initiative a été lancée par l’écologiste Abdelmajid Dabbar et l’universitaire Raja Ben Slama, Directrice de la Bibliothèque nationale, en signe de solidarité avec l’armée nationale, la Garde nationale, la police et les citoyens de la région. Plusieurs activistes de la société civile ont rejoint cette manifestation qui s’est tenue en collaboration avec le ministère de la Défense et les autorités régionales de Kasserine.
« Il s’agit surtout d’envoyer des messages de soutien à ces sécuritaires et cette frange de la population pour qu’ils sentent qu’ils ne sont pas seuls face au terrorisme », a lancé Raja Ben Slama, à l’ouverture du séminaire sur « le terrorisme et la communication / le terrorisme et l’environnement », qui s’est tenu en marge de cette manifestation.
La soirée du Jour de l’An a été fêtée dans un camp militaire aménagé pour l’occasion, sur les hauteurs des monts Chaâmbi, à 800 mètres d’altitude, à la lumière des bougies. Des feux d’artifices ont été lancés pour fêter le nouvel an et l’armée a utilisé des boules thermiques pour l’éclairage. « Histoire de saper le moral des terroristes et leur dire que n’avons pas peur d’eux », lance la journaliste Essia Atrous, présente sur place.
Il y avait certes une forte escorte. Mais, les airs de fêtes de fin d’année étaient là comme partout dans le monde avec des feux d’artifice, des chants et des pâtisseries. Avec cette fête, c’est surtout la portée symbolique qui est là. « Le peuple tunisien a dit ‘NON’ au terrorisme », a dit l’écologiste Abdelmagid Dabbar qui s’impatiente de « retourner à Chaâmbi pour des randonnées scientifiques ».
Durant les journées du 30 et 31 janvier, et en plus du séminaire, une série d’activités humanitaires et festives a été organisée. Ainsi, il y avait des chants, des jeux et des marionnettes géantes pour les enfants des écoles environnantes; des médecins ont fait partie de la manifestation à travers une caravane de santé ; des aides sociales ont été distribuées par des organisations caritatives.
Un autre geste très significatif a été le baisemain d’une dame tunisienne à des soldats de l’armée nationale. « Mon petit geste n’est qu'un hommage à ceux qui méritent tout le respect des tunisiens », explique Hajer Driss, qui a passé le réveillon au Mont Chaambi en compagnie des héros de la Tunisie. Toutes ces activités ont été transmises en direct par la télé nationale.
Mis à part le côté festif, les hauteurs de Chaâmbi restent une zone à hauts risques, selon les militaires rencontrés sur place. « Les terroristes n’ont pas de campements permanents. Autrement, l’armée les aurait anéantis depuis belle lurette », dit l’un des militaires, compagnon de fête d’une nuit. « Dès que nos patrouilles aériennes, ou nos rondes terrestres, observent le moindre mouvement, la cible est systématiquement attaquée », poursuit-il.
Les informations recoupées, provenant des sources militaires et des civils rencontrés sur place, indiquent que le nombre des terroristes ne dépasserait pas une cinquantaine, sur toutes les hauteurs de Chaâmbi, qui s’étendent sur plus de 40 kilomètres, au Sud de Kasserine. Les patrouilles de l’armée sont en train de serrer l’étau autour de ces groupes. L’un des militaires confie que les terroristes rencontrent des difficultés de ravitaillement alimentaire comme l’indiquent les razzias qu’ils ne cessent de faire sur les maisons avoisinantes.
Les informations sur les descentes des terroristes des maquis comme les monts de Salloum, Mghila ou Ouergha, traduisent l’affaiblissement du soutien logistique dont ils bénéficient. « Mais, cela ne veut nullement dire que le risque terroriste est devenu plus faible », avertit notre interlocuteur. « Rejetés par les populations, les terroristes sont en train de changer de tactique, en s’attaquant à certains symboles de l’autorité publique, ou en essayant de porter des coups à l’économie », poursuit ce soldat, qui s’est avéré un bon analyste politique.