D’autant plus que des analystes en sécurité pensent que la Libye attire davantage de djihadistes rigoristes. Ce qui s’expliquerait par l’impuissance du gouvernement central, le laisser-aller dans des territoires hors de tout contrôle et la facilité de passage à travers ses frontières. D’où l’effusion des armes et des mouvements djihadistes vers les points de tension dans la sous-région.
Ces analystes indiquent que les troubles en Libye provoquent désormais un état général de panique et de crainte de voir le pays devenir le nid des organisations terroristes. Surtout que les informations parlent de retour de combattants tunisiens de Syrie et leur installation à Derna dans l’ouest de la Libye. L’expert tunisien en questions sécuritaires, Nacer Ben Soultana, qui est également le président de l’association tunisienne des études stratégiques pour la paix, universelle, a déclaré dans ce sens à la chaine tunisienne privée Nesma que « des centaines de jihadistes tunisiens, qui combattaient en Syrie, s’entrainent aujourd’hui dans la région de Derna en Libye».
Les mesures de sécurité prises par les autorités tunisiennes semblent rassurantes. Selon des agences de presse, des unités de l’Armée tunisienne, renforcées par d’autres unités de la Garde et des Douanes, patrouillent, des armes sophistiquées sur les épaules, tout le long des frontières terrestres et littorales avec la Libye. Des hélicoptères militaires et avions de guerre organisent des sorties pour surveiller les frontières maritimes et terrestres entre les deux pays.
Dans une déclaration exclusive à DUNE Voices, le porte-parole du ministère tunisien de la Défense, Belhassen Al Oueslati, réagit aux rumeurs selon lesquelles le terrorisme a traversé de la Tunisie vers la Tunisie, en affirmant que : « la principale mission des forces armées tunisiennes, c’est de faire face aux groupes cherchant à porter préjudice à la Tunisie d’où ils viennent. Notre tâche, c’est de bloquer les infiltrations, d’anticiper les opérations terroristes et d’adopter des stratégies en harmonie avec nos outils de surveillance et d’interventions ».
Oueslati a évoqué les rapports avec la partie libyenne divisée. Laquelle division ayant conduit le pays à une guerre civile et à la constitution de deux gouvernements: l’un, reconnu par la Communauté internationale, se trouvant à l’Est ; l’autre à l’Ouest, symbolisant le retour d’un Congrès National général, dont la légitimité a expiré. Oueslati souligne l’importance de traiter avec toutes les parties sur un pied d’égalité: «Nous ne privilégions aucune partie» a-t-il dit.
«L’institution militaire coordonne avec toutes les parties dans l’objectif d’accomplir son rôle de défenseur des frontières communes, afin d’éviter toute complication possible. Mais, il y a aussi une coordination avec des parties à l’intérieur de la Libye» a ajouté Oueslati.
Le responsable tunisien pense que la légitimité politique est une affaire libyenne interne. Par contre, a-t-il ajouté, «la partie qui agresse nos frontières, sera combattue n’importe où en Libye». Par ailleurs, dans des récentes interventions sur les médias, le Président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a résumé son approche des relations internationales: «la Tunisie respecte le droit international, ne s’ingère pas dans les affaires intérieures des Etats, soutient les causes nobles et justes et tend les ponts de coopération avec les différents peuples du Monde».