Il ne se passe pas un jour en Tunisie sans la publication d'informations sur des descentes contre des foyers de terrorisme, qu'il soit à Ben Guerdane ou ailleurs. Les réseaux sociaux pullulent d'appels aux citoyens pour informer sur les terroristes en cavale. " l'informateur bénéficie de l'anonymat ", insiste-t-on dans ces messages qui poussent à l'inquiétude concernant l'ampleur du nombre de terroristes en cavale en Tunisie. Mais, « ce qui tranquillise, c'est que les citoyens collaborent étroitement avec les forces de l'ordre. Ils sont même présents comme supporters dans de telles descentes. L'hymne national surgit systématiquement après chaque revers des terroristes », souligne l'activiste de la société civile de Ben Guerdane, Mustapha Abdelkebir.
Ils sont déjà 55 terroristes neutralisés en rapport avec l'opération de Ben Guerdane du 07 mars courant. Parmi lesquels, il y a quatre qui ont été abattus pendant l'opération de la nuit du 03 mars. Le nombre de terroristes arrêtés en relation directe avec l'opération s'élève à 30. « Et la traque aux terroristes va se poursuivre puisqu'on ne connait pas encore avec précision le nombre total de terroristes impliqués dans cette opération. On ne le connaîtra, peut-être, jamais puisqu'il s'agit surtout de cellules dormantes, implantées en Tunisie, qui ont passé des périodes en Libye pour apprendre la manipulation des armes », avertit l'expert sécuritaire Mazen Chérif.
Cette inquiétude devient plus nuancée chez l'expert sécuritaire, Ali Zermedini, qui pense qu’il est normal que le ratissage de la zone et la recherche des éventuelles connections prennent un moment. « Les terroristes essaient en ce moment de se repositionner et d’établir de nouvelles structures en liaison, notamment, avec l’Ouest libyen. Il est donc impératif de renforcer le travail de renseignements dans les espaces vitaux des terroristes », insiste-t-il.
L’expert a, par ailleurs, mis l’accent sur le besoin de bien gérer le dossier des quelques milliers de jeunes Tunisiens en Syrie, Irak et Libye, qui constituent une véritable source d'inquiétudes. Les services sécuritaires doivent, selon l’expert, faire le nécessaire pour avoir ces terroristes sous contrôle afin d'éviter les mauvaises surprises. L'expert Ali Zeremdini ajoute que : « la lutte contre le terrorisme ne se limite pas au volet sécuritaire. C'est d'abord une mission citoyenne et, à ce niveau, les Tunisiens ont fait preuve de collaboration fantastique. Mais, il est utile de comprendre que l’éradication du terrorisme nécessite de longues années de traque vigilante » .
Pour le Secrétaire général adjoint de l'UGTT, Samir Cheffi, il est impératif de traiter la donne terroriste avec la vigilance requise. « Il s'agit surtout de relever du niveau de conscience des jeunes face à ce danger, aussi bien dans les établissements scolaires et universitaires que dans les réseaux culturels et les médias. Ce sont ces esprits éclairés qui sont en train d'aider la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme ».
Ben Guerdane, c'est déjà du passé. Mais, le danger terroriste est toujours présent en Tunisie.