Son homosexualité, le flou qui enlace son identité et son genre et puis la peur qui ne lui permet de visualiser un avenir qu’à l’étranger, font de Kabil une entité enracinée dans les douleurs de la
réalité, mais dansante dans des nuages d’espoir.
La caméra suit Kabil dans son intimité, dans les détails de son épiderme, sa respiration et ses pupilles. La vidéo prend, ensuite, du recul pour découvrir et dénuder l’univers global. Une atmosphère à la fois fourmillant de vie et de solitude. Un paradoxe qu’on
ressent à l’image et au sens, mais surtout à travers les mots de Kabil.
Dans un cadre où mille et une personnes se ruent vers un cycle quotidien, Kabil ose la nage à contre-courant. Il marche, presse le pas, prend une inspiration, contemple son reflet à la surface du canal, et finit par se perdre dans le ciel semé d’avions. Les choix de
mise en scène minimalistes (pas de musique et utilisation unique des sons directs) renforcent ce sentiment de solitude.
Grey Area n’est pas le portrait banal d’un homosexuel tunisien. C’est surtout la mise à nu d’un monde bombardé de clichés et de stéréotypes. Kabil, n’est ni dans la victimisation, ni dans le misérabilisme. Kabil nous raconte sa vie, sa réalité et il est temps de regarder les choses en face.