Ce sont des individus égarés condamnés à l’enfer pour toujours». C’est ainsi que le roi du Maroc, Mohamed 6, a expliqué la position stricte du Maroc quant aux agissements extrémistes qui vont à l’encontre de l’orientation du royaume depuis sa fondation.
Lors de son dernier discours au peuple, le 20 août 2016, à l’occasion du 63e anniversaire de la révolution du Roi et du peuple, il a mis en exergue le rejet du royaume de tous les actes terroristes qui ont touché un bon nombre de pays lors des dernières années à travers quelques questions fondamentales telles que : « Est-il concevable que Dieu, le Tout-Clément, le Tout-Miséricordieux, puisse ordonner à un individu de se faire exploser ou d’assassiner des innocents ?» ; « La raison admet-elle que le Jihad soit récompensé par la jouissance d’un certain nombre de houris ? » ; « Le bon sens admet-il que quiconque écoute de la musique est voué à être englouti dans les entrailles de la Terre ?», et bien d’autres mystifications.
Le Roi a tenté, lors de son discours, d’avertir ceux qui veulent embrasser les doctrines fanatiques, en affirmant que « dans l’Islam, le Jihad est soumis à des conditions rigoureuses, entre autres qu’il n’est envisageable que par nécessité d’autodéfense, et non pour commettre un meurtre ou une agression, car attenter à la vie au nom du Jihad est un acte illicite ». Le Roi a également rappelé que : « parmi les conditions de sa validité, il y a aussi le fait que l’appel au Jihad est du ressort de la Commanderie des Croyants, et qu’il ne peut émaner d’aucun individu, ni d’aucun groupe ».
Dans le même cadre, le Roi a appelé les Marocains résidants à l’étranger de s’accrocher aux valeurs de leur religion et à leurs traditions pour lutter contre les phénomènes de radicalisation et de terrorisme, leur demandant de « préserver la bonne réputation qui fait leur notoriété, à s’armer de patience face à cette conjoncture difficile, à s’unir et à être toujours en première ligne parmi les défenseurs de la paix, de la concorde et du vivre-ensemble dans leurs pays de résidence respectifs». « Nous mesurons les difficultés qu’ils endurent du fait de la perversion de l’image de l’Islam et des attentats terroristes qui ont coûté la vie à bon nombre d’entre eux », a-t-il dit.
De son côté, le directeur du centre marocain des recherches et des études stratégiques, Tarek Atlati, a estimé que s’adresser aux jeunes émigrés est un pas important dans la lutte contre la radicalisation religieuse, particulièrement lorsqu’ils habitent dans des pays touchés récemment par des attentats terroristes. Ces jeunes sont également susceptibles d’être attirés par les groupes radicaux à cause de leur ignorance des vraies valeurs de l’islam et de la langue arabe. Atlati a ajouté que l’appel du Roi sera certainement entendu par les jeunes marocains émigrés, ce qui les empêchera de tomber dans les pièges des marchands de la religion qui usent de l’Islam pour arriver à leurs propres fins.
Quant au membre de l’association parlementaire du Conseil de l’Europe et de la commission des affaires étrangères au parlement, Nozha Wafi, elle dit que ce discours est une feuille de route pour combattre toute sorte de radicalisation, ainsi que l’islamophobie, en le consolidant sur deux aspects : le premier consiste en la mise en place d’une vision et d’une stratégie nationale à long terme, nécessitant l’amélioration du travail institutionnel commun et le renforcement des capacités du secteur en charge des affaires de la communauté marocaine.
Le deuxième aspect, plus urgent, consiste en la lutte contre la propagation de la radicalisation qui vise les jeunes marocains. L‘urgence émane du fait que les rapports sécuritaires indiquent qu’un pourcentage inquiétant des combattants étrangers ayant rejoint « Daech » de la Belgique, la France, l’Allemagne et les Etats-Unis, est d’origine marocaine.
Nozha Wafi a également fait savoir, dans une interview accordée à l’agence de presse nationale marocaine, que cette réalité rend la responsabilité partagée entre le Maroc et les pays d’accueil pour lutter contre les causes de la propagation, dans une proportion alarmante, de l’idéologie « daechienne » chez les jeunes générations.
Elle a demandé de chercher à expliquer ces indicateurs inquiétants, montrant que des jeunes d’origine marocaine sont impliqués dans la plupart des attentats terroristes qui ont frappé l’Europe. « Ceci nécessite le développement des programmes gouvernementaux en réponse à la demande croissante des Marocains du Monde ».
Wafi a aussi appelé à l’activation du comité ministériel des Marocains résidents à l’étranger et la mise en place d'un groupe de travail ministériel afin de développer un projet de lutte contre la menace terroriste et l’extrémisme qui ciblent les jeunes Marocains et la signature d’un accord relatif à l’élaboration d’un cadre d'action afin de déterminer les axes de ce projet important.
Elle a proposé l’organisation d’un débat national regroupant tous les acteurs pouvant agir dans une action pareille au Maroc et à l’étranger pour déterminer les solutions capables de protéger les jeunes Marocains contre le projet de l’extrémisme et du terrorisme, ajoutant que les centres culturels marocains peuvent y jouer un rôle important.
L’enseignant universitaire Abderrahim Nahahi a, quant à lui, affirmé que l’extrémisme religieux est considéré comme une arme des plus dangereuses. Il s’immisce dans les petites communautés et les déstabilise avant de s’attaquer aux plus grandes communautés, tout comme le terrorisme, émanant de la radicalisation religieuse et ethnique. L’universiataire a indiqué qu’une fois que le sectarisme transforme une personne en un terroriste, il est très difficile de le récupérer de nouveau.
Pour ce qui est des solutions, il a précisé que le gouvernement doit mobiliser tous les médias privés et publics et appuyer les programmes et les chaînes qui luttent contre l'intolérance religieuse. Une telle approche concertée peut contribuer à empêcher la propagation de l’extrémisme, le sectarisme et le terrorisme qu’aucun pays ne peut, seul, combattre sans trop de pertes humaines et financières.
Épuisant tous les moyens possibles pour lutter contre l'intolérance religieuse, le dialogue avec des jeunes reste la meilleure option afin de réduire cette marée et lui couper ses racines, selon un plan proactif commun entre les États touchés. Il s’agit peut-être de la stratégie viable et efficace tant attendue.