Aziza Chkef, membre du bureau exécutif féminin et membre du conseil national du parti "Al Assala wal Mouâassara" ( Tradition et Modernité ) à Rabat, pense que la femme saharienne a fait irruption dans le domaine de la politique avec plus de conviction que les autres et cela grâce à l’atmosphère et à l’environnement dans lesquels elle a toujours baigné. Les zones de conflits tribaux contribuent en effet à la construction d’une maturité politique en poussant, volontairement ou non, les enfants de ses régions à la pratique de la politique.
Mme Chkef précise encore que cette maturité ne signifie pas forcément l’augmentation des taux de participations féminines dans la vie politique, puisque, dit-elle, « la maturité est une chose alors que le passage à l’acte de faire en est une autre ».
Afin de mesurer le degré de réussite obtenu par l’une des expériences ayant participé à l’activité politique, nous avons rencontré la jeune ingénieure Al Aliya Alhmani qui est représentante du parti Istiklal sur la région de Laâyoune. Elle nous répond en disant : « En réalité, la participation féminine à la vie politique a été imposée en réponse à l’exigence du quota comme c’est le cas dans toutes les autres villes du Royaume. De ce fait, nous demeurons très loin encore d’une participation réelle et efficace de la femme en politique au sens où elle occuperait des postes avancés et décisionnels. Cela est dû aux mentalités et au manque d’expériences précédentes, dans la mesure où la plupart des femmes ne se sont mises que tout récemment à l’activité politique qui demande de l’expérience et du savoir-faire pour parvenir à prendre les bonnes décisions. Mais la participation de la femme demeure, tout compte fait, très honorable et parfaitement éloignée de toutes les impuretés qui peuvent accompagner l’exercice de la politique ».
Quiconque suivrait les élections communales et régionales de Laâyoune remarquerait la liste féminine présentée par le parti "Al Assala wal Mouâassara" ( Tradition et Modernité ) qui n’a remporté aucun siège dans la commune.
Nous avons rencontré la jeune représentante de la liste, Asma Sellami. Commentant son échec électoral, elle dit : « La femme dans les provinces du Sud ne jouit pas encore de la présence effective qu’elle mérite. En ce qui concerne ma propre expérience en tant de représentante d’une liste entièrement féminine et parfaitement hétéroclite, c’était un grand défi. Et même si nous n’avons pas obtenu de sièges, nous avons quand-même pu prouver que la femme n’est plus absente de la scène politique et qu’elle a toutes les chances d’être aux commandes au même titre que les hommes. La liste entièrement féminine est d’ailleurs la meilleure preuve d’une prise de conscience de la nécessité de faire participer la femme à l’activité politique ».
Quoi qu’il en soit, les avis convergent pour dire que la participation de la femme saharienne à l’action politique demeure encore timide et insuffisante au regard du recensement de la population en 2014 et qui indique que la région comporte près de 284 mille personnes, ce qui contraste fort avec le petit nombre de femmes ayant réussi à remporter des sièges aux conseils élus.
Menna Al Yehyaoui est une jeune journaliste issue de la ville de Laâyoune et travaillant à la deuxième chaine télévisée du pays. Elle pense que ce sont les médias qui assument une grande part de responsabilité dans le fait que les femmes délaissent la participation à la scène politique.
En tant que journaliste, elle pense que la présence de la culture saharienne dans les médias nationaux se limite à la mise en scène de son aspect folklorique (us et coutumes, habillement, festivités…etc), alors que les portraits de femmes brillantes, politiques et entrepreneuses sont totalement ignorés. Nous en avons plusieurs exemples, même si les noms ne sont pas très connus, assure-t-elle.