Dans la ville d’El Ayoun, Ibrahim et Omar, deux jeunes bacheliers de 2010, espéraient de toutes leurs forces goûter au plaisir de plonger dans les profondeurs de la recherche en journalisme mais les conditions d’accès à l’Institut Supérieur du Journalisme et des Médias leur ont interdit la réalisation de ce rêve.
Cependant, les deux jeunes ne se sont pas avoués vaincus pour autant. Ils se sont mis à rechercher activement les cycles de formation disponibles dans le domaine des médias. Après avoir parcouru des milliers de kilomètres, les deux jeunes gens, qui ne sont pourtant pas issus d’une classe sociale nantie, ni même moyenne, ont pu profiter de quelques formations que nombre d’acteurs du domaine des médias assurent à Aghadir, Casablanca et d’autre villes.
Le cas de Ibrahim et de Omar est le même que celui de tous les jeunes des régions du sud, qu’ils aient ou non réussi à faire des études de journalisme au sein des Instituts spécialisés. En effet, l’un des plus grands aspects de la crise en matière de formation journalistique est, d’une part, l’absence d’établissements médiatiques dans la ville d’El Ayoun et, d’autre part, la nature même de cette formation dispensée par un groupe de journalistes qui, faute d’encadrement et de sensibilisation dans le secteur, se sont improvisés formateurs.
Pour connaître les causes de l’absence d’établissements médiatiques dans la ville d’El Ayoun, nous avons contacté la responsable officielle du secteur des médias dans la région du sud : Mme Fatma El Amine, Directrice Régionale de la Communication. Elle précise: « Le manque de cycles de formation en journalisme dans la région du sud est lié à des problèmes d’ordre structurel, dans la mesure où les journalistes de la ville ne disposent pas de cartes de presse et que de nombreux sites électroniques connus de la région ne bénéficient pas d’un document juridique les autorisant à être considérés comme officiels ».
Elle ajoute par ailleurs que le Ministère a, à ce propos, encouragé nombre de sites électroniques à obtenir un récépissé leur permettant de bénéficier de tout ce que le Ministère effectue dans ce domaine. Ce dernier, assure-t-elle, compte assurer à partir de l’année prochaine de nombreux cycles de formation, grâce à des partenariats effectués avec plusieurs parties.
Concernant le nombre de cycles de formation effectués par le Ministère dans la région depuis qu’elle est à la tête de la Direction Régionale de la Communication, Mme El Amine répond que ce nombre ne dépasse pas les quatre cycles pour lesquels il a fallu faire venir des formateurs locaux et étrangers.
D’un autre côté, Ahmed Salem Lakhal, l’un des journalistes célèbres de la région, assure que « le problème de la formation continue dans le désert tient essentiellement à l’absence d’instituts et d’établissements spécialisés dans la préparation aux métiers des médias et du journalisme ». Posant également des problèmes d’ordre logistique, il explique que « le lieu le plus proche pour apprendre la profession se trouvant à 600 km des régions désertiques et à 900 km de la Dekhla et d’El Ayoun, cela pose un grand problème qui vient s’ajouter aux dépenses relatives au logement, au déplacement et à la nourriture ».
M. Abderrahim El Fersi, correspondant de la chaine Skynews Arabic, affirme enfin : « Il est du devoir des instances chargées du secteur médiatique dans la région du sud d’établir des contacts avec des institutions aptes à former et à sensibiliser les personnes passionnées par ce métier. De même qu’il leur revient de convaincre les décideurs de la région de recruter à cette fin les travailleurs des médias locaux et régionaux et de fournir les espaces nécessaires à l’organisation des cycles de formation journalistique. Car c’est en fournissant les moyens matériels adéquats et les ressources humaines qualifiées qu’on pourra obtenir un meilleur produit en matière de formation dans le secteur des médias».