Et alors que la population locale manifeste sa colère et que la société civile dénonce la croissance de ce phénomène, les responsables locaux continuent à ignorer ce sujet.
Selon quelques chirurgiens experts en traitement de blessés de guerre, les blessures laissées par les mines après leur explosion sont les plus difficiles à traiter. En effet, ces explosions ont engendré des incapacités permanentes chez nombre de personnes ayant survécus et ont transformé leurs vies en un cauchemar (problèmes d’ordres social, psychologique et économique).
Mohamed Miri, un jeune homme habitant à la ville d’El Ayoun ayant perdu ses deux bras alors qu’il avait 8 ans, se souvient de son accident : « je n’étais qu’un enfant quand la mine s’est explosée sur mon frère et moi. Ça fait très mal. Dieu merci, la blessure de mon frère n’était pas grave. Moi, j’y ai perdu mes deux bras ».
Sirotant son thé, il affirme qu’ils ont pris la mine pour un jeu. « Nous ne savions pas que c’était dangereux », ajoute-t-il.
Président de l’association marocaine des victimes des mines et des personnes à besoins spécifiques à El Ayoun, Mohamed Miri est marié et père de deux enfants. Il a fait de sa maison le siège de l’association. Il nous a raconté son histoire et nous a montré des photos de blessés des explosions de mines.
« L’Etat ne m’a pas dédommagé. Et pour cause, un bataillon militaire m’a conduit d’urgence à l’hôpital de Tantan à cause de la gravité de la blessure, alors qu’il fallait attendre l’arrivée de la gendarmerie royale pour rédiger le procès verbal de l’accident, établir l’endroit de l’explosion et les personnes blessées, ainsi que pour connaitre le type de la mine », a-t-il attesté.
Miri ajoute, avec de gros soucis de respiration à cause de l’accident, qu’il avait une vie normale avant qu’elle devienne un cauchemar après l’accident. Il a désormais du mal à s’habiller et à manger et ne peut plus jouer avec ses enfants. « Ma vie est devenue très dure. Dieu seul sait à quel point je souffre », a-t-il ajouté.
Dans ce cadre, il a appelé à régulariser les dossiers des victimes des mines, précisant qu’aucun blessé n’est dédommagé puisqu’ils sont tous transportés rapidement à l’hôpital avant la venue de la gendarmerie royale.
La souffrance de Mohamed Miri ne l’a pas achevé, mais l’a poussé à créer une association à travers laquelle il organise des journées de sensibilisation des dangers des mines et il défend les droits des blessés lors des évènements nationaux et internationaux. Sa blessure ne l’a pas empêché, également, de vivre sa passion : la peinture.