Une étude de Human rights watch, menée en 2015, a confirmé cette tendance sur tout le Maroc. L’agence Dune-voices a cherché à s’informer sur cette problématique du côté du triangle Sidi Ifni, Guelmim, Tan-Tan, au Sud du Maroc, sur la côte atlantique, considérée pourtant plus émancipée que l’intérieur du Royaume.
Au fait, le premier constat relevé, c’est que les associations de femmes battues se multiplient de manière exponentielle au Maroc, ce qui traduit la recrudescence du phénomène. L’existence de ces associations n’est qu’une réponse à un besoin. Les foyers accueillant les femmes violentées ou délaissées par leurs époux sont nombreux, eux-aussi. Plusieurs ONG ont répondu à ce besoin. La société civile est très sensible par rapport à ces femmes, notamment celles qui ont des enfants. Les témoignages recueillis auprès des associations des femmes battues étaient affreux. La plupart de ces propos ont été donnés à titre anonyme par peur des répercussions.
La 1ère de ces femmes, Majda (pseudonyme), est âgée de 32 ans, au moment de son témoignage. Elle est originaire de Guelmim et mère de deux enfants : une fille de cinq ans et un garçon de quatre ans. Majda est mariée depuis huit ans. Son mari a commencé à la violenter six mois après le mariage. « Il a commencé par me donner des gifles. Ensuite, il est passé à l’étranglement chaque fois où j’élève la voix pour protester ou pour demander du secours chez les voisins », a-t-elle raconté.
Majda raconte comment son mari n’a cessé d’exercer sur elle du chantage affectif, en la chassant de la maison, tout en gardant les enfants. Elle était obligée de travailler comme femme de ménage pour subvenir à ses besoins et trouver un endroit où loger. Elle est allée maintes fois à la police. Mais, « ils prétendent ne pouvoir rien faire pour moi, même lorsque je me suis présentée le visage couvert de sang. La police m’a demandé de présenter un certificat médical circonstancié à l’appui de ma plainte. Mais, je n’avais pas d’argent pour me faire délivrer un tel certificat », raconte Majda.
Finalement, Majda a été recueillie depuis deux mois par un centre de femmes délaissées par leurs époux. Elle s’y est réfugiée depuis le jour où ses voisins l’avaient secourue alors que son mari la frappait avec un balai. Elle séjourne dans ce centre avec ses deux enfants. Elle n’a pas intenté d’affaire de divorce parce que ses papiers d’identité sont chez son mari. Toutefois, « je suis dans l’obligation d’aller prochainement le voir parce que j’ai besoin des papiers d’identité de ma fille pour l’inscrire à l’école », dit-elle, pleine de peur des éventuelles conséquences de cette rencontre.
La situation de Majda n’est pas spécifique dans la région. Khaoula, un autre pseudo, pour protéger nos interlocutrices, est une jeune femme de 22 ans de Tan-Tan. Elle est mère d’un bébé de six mois. Elle s’est mariée depuis deux ans. Son mari est plus âgé qu’elle de 18 ans. Il est originaire de Ouerzazat et khaoula a été obligée de vivre avec lui dans sa ville natale et auprès de sa famille. Depuis la 1ère semaine de son mariage, khaoula est la bonne de toute la famille de son mari, qui la violente à chaque fois qu’elle refuse de répondre à l’une de ses exigences ou celles de sa mère.
Cette jeune femme raconte comment elle était violentée, même lorsqu’elle était enceinte. Elle a exploité son passage à l’hôpital pour l’accouchement pour avoir l’aval de son mari à rester quelques semaines auprès de sa famille. Depuis, l’un de ses cousins lui a trouvé une association qui a accepté de l’héberger avec son bébé.
Khaoula a montré à dune-voices les traces sur son bras d’un coup de couteau asséné par son mari. Il a tenté de lui lacérer le visage parce qu’elle a osé parler de divorce. « Tu veux le divorce. Voilà ce qu’on fait pour ceux qui demandent le divorce », lui-a-t-il dit, en adressant un couteau sur son visage qu’elle est parvenue à protéger avec ses mains. Elle a levé le bras pour se défendre. Sa blessure à l’avant-bras a nécessité douze points de suture.
La faible réactivité des autorités face à de telles scènes de violence montre que la loi marocaine ne parvient pas à empêcher les violences domestiques, protéger les survivantes, et punir les agresseurs. Les victimes de violences domestiques comme Majda et khaoula méritent beaucoup plus de la part des représentants de la justice pour protéger leurs droits. Le Maroc est appelé à renforcer son arsenal juridique en la matière pour améliorer la protection des victimes de violences domestiques.