Car il est à noter que de nombreuses élèves filles venant des agglomérations de Taamaret, Azkour, Tawaghza, Ayet Zekan et Amekan sont privées de la possibilité d'être admises à l'internat, bien qu'elles habitent à des centaines de kilomètres de l'établissement central. Cela est ressenti par les parents comme une injuste discrimination qui, tout en privant leurs filles de ce service scolaire, en fait bénéficier d'autres qui logent pourtant à quelques dix kilomètres, voire moins parfois.
Fatma Bassou (40 ans) est la maman d'une élève inscrite en première partie du bac au cycle secondaire qualifiant du lycée Mohamed VI à Alnif. La dame, que nous avons jointe au téléphone, dit qu'elle sera obligée de faire quitter l'école à sa fille au cours de l'année courante si jamais on lui refusait la bourse d'internat comme ce fut le cas l'année dernière. Elle affirme qu'elle ne pourra pas assurer le loyer et les dépenses quotidiennes onéreuses qui, l'année dernière, l'avaient exténuée.
Fatma, qui vient de la bourgade d'Amkan (35 km environ du lycée), ajoute également qu'au début de l'année scolaire en cours, elle s'était rendue à la délégation de l'enseignement de Tanghir en compagnie d'autres parents d'élèves pour se renseigner sur les raisons qui font que leurs enfants soient privées de la bourse d'internat. « Nous avons été surpris qu’on nous dise que la délégation n'avait pas reçu les dossiers des demandes de bourses alors qu'en même temps le directeur du lycée assure qu'il les avait envoyés dès qu'il les a reçus ».
Et pendant que, faute de moyens, Fatma pense faire quitter l’école à sa fille, Youssef Ahmed qui est un acteur associatif de la région pense que, compte tenu de la grande surcharge du lycée d’Alnif avec ses 1400 élèves, la meilleure solution à ce problème consisterait à faire construire de nouveaux établissements scolaires dans les bourgades d’Azkour, Massissi et Hessiya. Il précise par ailleurs que les parents des élèves lésées par cette injustice avaient déjà appelé les autorités de tutelle à fournir un logement scolaire pour leurs filles afin qu’elles ne soient plus contraintes à quitter l’école, en vain.
Ahmed précise encore que la plupart des familles préfèrent que ce soit aux filles d’abandonner l’école par crainte de ce qui risque de leur advenir au cas où la bourse leur était refusée, contrairement aux garçons qui, eux, ont plus de chance de terminer, avec ou sans bourse, leur parcours scolaire.
Pour sa part, Ben Arirou Aziz, étudiant-chercheur et membre d’une association, insiste sur le problème de la surcharge de l’établissement en question. Il affirme que le surpeuplement est dû à l’admission de quotas doubles d’élèves venant des multiples bourgades voisines du centre d’Alnif. Cela nécessite donc, selon lui, la construction d’un nouveau lycée qui allègerait la pression exercée sur le plus grand établissement de la région.
Déplorant que nombre d’élèves filles soient obligées de quitter les bancs de l’école à cause de la distance séparant leurs lieux d’habitation du lycée, de l’absence de transport scolaire, des coûts élevés des loyers et de la nourriture, devenus ces dernières années inaccessibles aux parents, Ben Arirou rejette la responsabilité de chaque abandon scolaire sur les autorités de tutelle qui traînent à trouver les solutions adéquates.
Le seul moyen de sauver les jeunes filles des banlieues rurales d’Alnif du danger de l’abandon scolaire demeure la construction de nouveaux lycées dans la région, sans quoi elles ne sauraient poursuivre leur cursus scolaire, étant données les difficultés matérielles et psychologiques qui pèsent sur les élèves issues de familles pauvres.