Au petit matin, avant que la canicule ne devienne insupportable, les jeunes partent à la recherche de sources d'eau. La chaleur et la rareté de l'eau ont engendré une pénurie au niveau de cette dernière. Si on en trouve, faut la boire chaude ou refroidie traditionnellement.
Nous débarquons chez les "Katawa", l'une des agglomérations urbaines de la région qui connait, à longueur d'année, une pénurie d'eau. Environ 30 quartiers y habitent et cherchent, en été comme en hiver, des sources d'eau potable.
Le jeune activiste Mohamed S nous confie que la pénurie d'eau a commencé depuis 2004 et 2005. Une vague de sécheresse a frappé la zone, asséchant les sources souterraines des puits. D'une année à l'autre, la situation des familles n'a fait qu'empirer, bien que nombre de foyers aient été reliés au réseau de distribution d'eau potable. L'eau n'est pas fournie toute la journée.
Dune-voices a visité la région en été : une chaleur insupportable, des citernes dont jaillit une eau bouillante, indiquée à une cure thermale plutôt qu’à être bue, surtout en l’absence d’outils nécessaires pour refroidir l'eau ; les conditions socio-économiques sont difficiles dans la région et empêchent les familles d'avoir un meilleur accès à l’eau, déjà rare. Les habitants de cette région sont obligés d'avoir recours à des moyens primitifs pour refroidir un peu l'eau.
Un représentant de l'autorité locale qui a préféré garder l'anonymat nous a affirmé que, quand l'eau des canalisations est coupée et que les sources des puits sont épuisées, les "encerclés" paient entre 40 et 50 dirhams (entre 4 et 5 dollars) pour s’approvisionner en eau, ramenée au village par de gros camions.
Madame Aïcha Ourhmou (45 ans) raconte son calvaire à longueur de journée pour garder l'eau propre et fraiche pour éviter de parcourir une longue distance afin d'aller en chercher dans les puits ou en demander aux voisins.
Les habitants de son village ont tant espéré quand leurs foyers ont été reliés au réseau de distribution d'eau potable, mais ce rêve s'est vitre transformé en cauchemar avec les coupures fréquentes de distribution. Des coupures devenues quotidiennes et peuvent durer toute une journée, nous a-t-elle confiée.
Sidérée, elle affirme que les autorités chargées de la distribution ont imposé aux citoyens des taxes mensuelles d'environ 12 dirhams (environ 1,5 dollars) sur les compteurs d'eau, même si la distribution d'eau n'est pas régulière.
La tribu des "Katawa" ne s'est pas laissé faire au début. Ils ont organisé des protestations, dont la plus importante, selon des membres du groupe, rencontrés devant l'hôpital local, est celle tenue en 2013. Il en est résulté des promesses qui n'ont jamais été tenues.
A des dizaines de kilomètres de la tribu des 'Katawa", se trouve le noyau de la tribu "Taghbalat". Ici, le problème est tout autre. L'eau des puits est sale et les habitants ne peuvent pas stocker l'eau dans ce qu'appellent les marocains la "matfia".
Les habitants sont obligés, surtout en été, de traverser la seule route principale et plusieurs pistes pour se rendre au puits, leur unique source d'eau potable. Ils sont nombreux, en motos chargées de bouteilles vides, qui sont obligés à ce manège quotidien.
Said, un jeune qui travaille dans le café de l’agglomération, ne cesse de proposer les bouteilles d'eau minérale à chaque demande d'un verre d'eau. Il conseille l'eau minérale au lieu d'aller chercher l'eau directement dans les citernes.
Chaque matin, muni de petits barils, Saïd se rend, à moto, à un puits, loin de l’agglomération. Pourtant, son café est relié au réseau d'eau potable. En l’interrogeant sur les raisons, il affirme que l'eau de ce puits répond aux critères hygiéniques, pas le robinet.
En passant par la route nationale qui relie les villages ici, les riverains sont surpris de voir l'eau coulée dans la rivière de "Darâa", à proximité d'un groupe de villages qui souffrent pourtant d'une pénurie d'eau potable.
Dans ce cadre, des sources concordantes dans la région ont affirmé que cette pénurie est due au monopole à base de 80% des sources hydrauliques imposé par les grands agriculteurs au profit de l'activité agricole qui nécessite, à cause de la nature semi-désertique de la région, de grandes quantités d'eau d'irrigation pour assister leurs cultures.
Le responsable régional du secteur au ministère marocain chargé d'eau, Mahboub Abderrahmane, a indiqué que son département à réalisé quelques projets pour remédier à la pénurie d'eau dans la région, notamment la construction de barrages.
Le ministère est également en train d'étudier les projets d'exploration des eaux souterraines afin de fournir l'eau potable aux habitants, a-t-il ajouté, expliquant que le département a réalisé plusieurs études concernant la gestion de la sécheresse et la récupération de l'eau des pluies.
Concernant le problème de distribution de l'eau potable de la communauté de "Katawa", relevant de la région de "Zakoura", le responsable a indiqué que les services du secteur de l'eau du bureau national de l'électricité et de l'eau potable sont en train d'étudier les solutions possibles pour éviter la contamination de l'eau souterraine.