Ces services gracieux destinés aux personnes handicapées s’inscrivent dans une tentative qui a pour objectif d’intégrer cette catégorie particulière dans la société.
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont manifesté leur admiration envers cette initiative unique en son genre et considérée comme une première dans les traditions du transport commun au Maroc. Les organisateurs de cette action, ainsi que les chauffeurs qui ont mis leurs services à la disposition de ces personnes qui représentent une catégorie importante de la société, ont d’ailleurs récolté beaucoup d’éloges et de remerciements. De même, des appels ont été lancés sur la toile pour que cette initiative soit reproduite dans d’autres villes marocaines.
Dans la ville d’Errachidiya, au sud-est du Maroc, un chauffeur de taxi a récemment mis sur la vitre arrière de son véhicule un autocollant avec l’indication « C’est gratuit pour les personnes handicapées », action que les habitants ont beaucoup approuvée dans la capitale du sud-est et qui a été également très appréciée de la part des personnes handicapées.
Le chauffeur Ismaïl Alaoui, auteur de l’initiative, s’est exprimé dans la presse pour dire qu’il se sentait heureux d’être le premier à entreprendre cette action humanitaire dans la région du sud-est. Neuf autres chauffeurs l’ont suivi, ajoute-t-il, en collant le slogan de cette action sur les vitres arrière de leurs véhicules. « La catégorie des personnes handicapées est très importante dans la ville. De plus, ces personnes trouvent des difficultés pour se déplacer d’un endroit vers un autre, de même qu’elles ne peuvent pas supporter l’encombrement et la surcharge habituelle des bus », explique-t-il.
Alaoui, qui a fait l’objet de beaucoup de louanges suite au lancement de cette action, affirme que « l’idée a été bien accueillie dans la ville, de même que les personnes concernées se sentaient heureuses de savoir qu’elles n’étaient pas oubliées ». Aussi souhaite-t-il que cette initiative soit généralisée à l’échelle nationale.
Pour sa part, le journaliste Zayed Jarrou a exprimé son admiration pour « le chauffeur de taxi » et a considéré son initiative comme « une action hautement humanitaire dont la force et la valeur ne peuvent être profondément perçues que par les personnes handicapées ». « Que se passerait-il si toute la société faisait comme lui et que chaque commerçant écrivait sur sa boutique : "C’est gratuit pour les personnes handicapées" ou que les Hôteliers inscrivaient à leurs portes : "nuitées gratuites pour les personnes handicapées" ? », propose-t-il.
Jarrou, qui est âgé de 52 ans, a en effet publié un poste sur sa page Facebook dans lequel il a écrit : « Nous saluons haut et fort ce chauffeur de taxi pour avoir mis le doigt sur l’une de nos blessures profondes, sans avoir d’autre ambition que la Récompense Suprême. Nos grands respects aussi à toutes les institutions œuvrant en faveur de cette catégorie de personnes à Tanghir, à Errachidiya, à Zakoura, à Warzazet, à Midelt et dans toutes les villes de ces provinces. Tout notre soutien enfin pour les cadres qui se donnent tous les jours pour veiller au bienêtre de cette large tranche sociale ».
Les sentiments d’humanité sont la principale motivation de ces actions humanitaires. Ainsi, dans la ville de Martil, cette même initiative avait été lancée depuis le 21 octobre 2013 par un chauffeur de taxi âgé de 30 ans. Justifiant son acte de « bienfaisance » par un sentiment d’humanité, il explique : « L’idée de cette action m’a travaillé depuis que j’ai aperçu dans la rue un homme handicapé qui avait toutes les peines du monde à trouver un moyen de transports qui le mène là où il voulait. Ce spectacle désolant m’a poussé à réfléchir au moyen qui me permettrait d’aider cette catégorie de personnes ». Il ajoute enfin que son action « a été bien perçue dans la ville, puisqu’elle contribue à diminuer, ne serait-ce qu’un peu, la souffrance de ces personnes ».
En effet, les personnes handicapées se trouvent habituellement dispersées dans les rues et sur les trottoirs, dans l’attente d’un véhicule ou d’un bus qui acceptent de les transporter vers leur destination. Cette entreprise devient encore plus difficile pendant les heures de pointe. Et même dans le cas où ledit moyen de transport se trouverait disponible, il serait très difficile pour elles d’y monter, notamment dans les circonstances d’encombrement et de surcharge que connaissent habituellement les transports en commun.
Le coup d’envoi de cette action a été donné dans la capitale scientifique du Royaume sous l’égide de la mutuelle « L’union des propriétaires et des chauffeurs de taxis de Fès». C’était au début du mois de novembre dernier, après que le chauffeur d’un taxi portant le numéro " 941" ait accroché un autocollant sur la vitre arrière de son véhicule avec l’inscription « Transport gratuit pour les personnes handicapées ». Il a expliqué son geste par la volonté de contribuer à « améliorer les aspects éducatifs, sociaux, psychologiques et physiques de la vie du citoyen ».
Saïd Bahri, le président de la mutuelle « L’union des propriétaires et des chauffeurs de taxis de Fès» qui a chapeauté l’action, affirme que cette initiative a un caractère socio-humanitaire en faveur notamment des personnes ayant des besoins spécifiques, étant donné qu’elles « souffrent d’handicaps physiques et ont besoin de chaises roulantes pour pouvoir se déplacer ».
Près de trente chauffeurs de taxis ayant entrepris de mettre leurs services gracieux à la disposition des personnes handicapées se dirigent actuellement à généraliser cette action dans la ville de Fès afin que d’autres parmi leurs collègues y adhèrent aussi et afin qu’elle soit lancée dans les autres villes du Royaume. Leur motivation ultime en cela est que la joie égaille les cœurs des personnes handicapées qui représentent une tranche importante de la société marocaine.