Partie prenante de la culture marocaine, la culture amazighe est, ainsi, très riche et multidimensionnelle. Et c’est en s’attachant à leur identité et en refusant de se dissoudre dans la culture arabe, que les Amazighs protègent la leur et la répandent, conscients qu’il est de leur devoir de le faire. Cette lutte acharnée a été perpétuée par nombre de militants, véritables porte-étendard de la culture amazighe depuis la création de l’Etat marocain, dont notamment Ali Sedki Azayko, poète amazigh emprisonné en 1982 pour atteinte à la sureté de l’Etat et violation de la constitution. Azayko avait, à l’époque, publié un article dans le magazine « Amazigh », intitulé « vers un concept réel de notre culture nationale », dans lequel il avait qualifié l’exode arabe vers le Maghreb d’invasion étrangère. Certains considèrent Ali Sedki Azayko comme étant le premier prisonnier d’opinion de la cause amazighe durant toute l’Histoire du Maroc, et le fondateur de la « pensée amazighe », bien avant la formation du mouvement amazigh et la cristallisation de son discours. La cause amazighe compte d’autres figures tels que Alhussein Ayet Belkassem, avocat emprisonné dans les années 60 du siècle dernier parce qu’il avait utilisé l’alphabet amazigh, et Mohamed Alhussein, artiste qui avait chanté l’injustice subie par les Amazighs du Maroc, et tant d’autres.
Aujourd’hui, c’est sur la base des expériences antérieures et avec un crédit de victoires que se perpétue la lutte du mouvement amazigh. Parmi les activistes figure Mohamed Walkech, journaliste et intellectuel amazigh, né en 1945 à la ville de Azrou, dont le nom amazigh signifie roc, située au sud de Fes. Actuellement journaliste à « Radio plus », Walkech a choisi de défendre la cause amazighe à travers la musique. C’est ainsi qu’il a créé le Syndicat national de la musique à Agadir, au sud du Maroc, et publié deux livres sur l’art dit « Alrouissa », pour le faire connaître au grand public. Ecrits en langue arabe et faisant l’éloge de cette expression artistique purement amazighe et de ses figures de proue, les deux livres en sont, d’ailleurs, à leur troisième édition.
Mohamed Walkech estime que les écrivains amazighs attendent de voir leur langue se répandre pour se mettre à utiliser l’alphabet amazigh (tifinègue) dans leurs écrits. En effet, grâce à la mise en œuvre de l’enseignement de la langue amazighe dans les écoles étatiques au Maroc, depuis quelques années, la langue aura la place qu’elle mérite dans le paysage culturel et dans la société, « dans cinq ans au plus tard », selon Mohamed Walkech. Ce dernier affirme que des écrits avec l’alphabet « tifinègue » ont été découverts dans des grottes phéniciennes et dans des régions marocaines tels que Tata ou les environs de la ville de Kelmime, bien avant l’arrivée de l’islam en Afrique du nord.
Mohamed Walkech estime, par ailleurs, que la création de l’Institut royal de la culture amazighe à Rabat, quoiqu’elle ne répond pas totalement aux attentes des Amazighs, a réussi à imposer la culture amazighe, à publier des livres en la matière et à faire mentionner la langue amazighe dans la constitution marocaine.