Et c’est internet qui a réussi à sortir les radios marocaines d’une longue période de stagnation, en donnant naissance à une nouvelle génération d’auditeurs dont certains ont créé des web radios, encouragés par la facilité de la tâche et son faible coût. Dès lors, les jeunes ont fait leur entrée sur le marché, le gouvernement et les hommes d’affaires ne détenant plus le monopole de la création de radios.
Contrairement aux radios classiques, proies au parasitage et limitées par un périmètre de transmission ne dépassant pas 100 miles, les web radios ne se bornent pas aux limites géographiques et peuvent transmettre partout, tant qu’il y a un réseau internet, sans qu’elles soient pour autant parasitées.
Plusieurs web radios ont, ainsi, vu le jour au Maroc, permettant à une génération de jeunes de se manifester, et à nombre d’association civiles et certains groupes interdits de faire entendre leur voix.
Plusieurs problèmes entravent, toutefois, ces jeunes créateurs de projet, dont notamment l’absence de cadre juridique réglementant les web radios.
« Ce qui pose problème, ce sont les intrus dans le secteur qui massacrent la langue arabe à cause de l’absence de toute formation et la facilité d’accéder au métier… L’animateur radio doit jouir d’une culture générale dans tous les domaines, notamment politique, culturel et économique, et d’un background intellectuel… Malheureusement, ce n’est pas le cas pour ces nouveaux animateurs » note Omar Ajana, journaliste dans une web radio et chercheur dans le secteur médiatique.
Quant au cadre juridique, Omar Ajana affirme qu’il n’y en a pas. « La Haute instance pour la communication audiovisuelle (Haca) doit superviser les web radios afin d’éviter les dépassements et les fautes professionnelles graves, tel que l’incitation à la haine, qui pourraient menacer la sécurité même du pays » déclare-t-il. Et d’ajouter : « les journalistes travaillant dans les web radios aspirent à ce que leur secteur soit réglementé pour plus de professionnalisme et plus de respect des éthiques du métier ».
Pour sa part, Abderrahime Fersi, correspondant de Sky News arabia, affirme : « la web radio est un média bon marché, difficile à contrôler, dont les propriétaires ne respectent pas les lois croyant qu’ils ne sont pas obligés de le faire en l’absence de cadre juridique… Le nombre des auditeurs des web radios est limité vu que tout le monde n’a pas internet, sans oublier que certains supports ( smartphones ou tablettes) n’ont pas l’application permettant d’écouter ces radios… » . Il poursuit : « Mais on ne peut pas nier que la web radio est le moyen adéquat pour briser les interdis et surmonter les complications juridiques concernant la création des radios et des télévisions traditionnelles… Plusieurs groupes d’opposants diffusent de pays lointains sans être obligés de faire face au casse-tête de l’obtention de la licence ».
Quelles que soient les divergences concernant les web radios, elles demeurent une plus-value dans le secteur médiatique permettant aux jeunes, longtemps exclus de la sphère des licences dans l’audiovisuel, de briser un monopole et de faire parvenir leur voix.