C’est la « Mecque » des travailleurs d’Imouzzer et ses périphériques. Ils guettent chaque véhicule qui s’approche, espérant que son chauffeur cherche des ouvriers pour travailler toute la journée dans les champs agricoles.
Nous avons rencontré Nadia. B à l’entrée d’un petit restaurant. Seuls ses yeux ne sont pas couverts. C’est le cas de toutes les femmes qui acceptent de travailler dans les champs. De petite taille, les yeux jaunes et une timidité en répondant à nos questions.
Âgée de 26 ans, elle affirme qu’elle a commencé à travailler dans les champs depuis son jeune âge. Elle n’a pas pu poursuivre ses études à cause de la situation financière et sociale de sa famille qui l’a poussée à les aider à subvenir aux besoins de la famille.
Elle n’a pas un revenu fixe. « On perçoit une rémunération qui dépend du nombre d’heures travaillées et de la générosité de l’employeur. Ça varie entre 60 et 100 dirhams généralement (entre 6 et 10 dollars) », a-t-elle indiquée.
Nadia se plaint de l’avarice de certains patrons qui ne les paient pas à temps. Elles sont obligées d’accepter de peur de perdre une source de revenus ou qu’il véhicule des rumeurs à leurs encontre. Dans ce cadre, elle affirme avec une grande hésitation que « certaines acceptent les avances des patrons. En contre partie, elles sont payées en premier. Mais ensuite, elles doivent faire face aux dires des gens. Elles seront considérées comme des prostituées et tout le monde les évitera ».
Les femmes ne sont pas les seules à être victimes d’exploitation. Leur souffrance est certes plus grande, mais les hommes aussi y ont droit.
Nous nous sommes dirigés ver un groupe d’hommes réunis à côté du feu de circulation, où nous avons rencontré Mohamed. M qui a accepté de nous raconter les conditions de travail des ouvriers.
Il a exprimé son mécontentement de la situation. Il fait partie des premiers qui ont commencé à travailler dans les champs. Il a une expérience de 40 ans. Il a affirmé que les opportunités de travail aux champs ont diminué de façon considérable.
Il est père de quatre enfants et sa femme est malade depuis deux ans, ce qui a engendré une hausse de dépenses, sans qu’il trouve un gagne-pain loin de l’activité agricole saisonnière. »Certains fermiers préfèrent labourer leurs champs seuls depuis la sécheresse qui s’est abattue sur le Maroc cette année », a-t-il précisé, expliquant que ceci a empêché des centaines d’ouvriers de trouver un travail.
Quant aux plus importantes régions avoisinant la ville d’Imouzzer connues pour ce genre d’activités agricoles basée sur les ouvriers, Mohamed indique qu’il s’agit de « Ayt Aoued », « Sobaâ Chaghal », « le Bassin », « Ay Taâoua » et « Rakada ».
Mohamed loue une petite maison pour 650 dirhams par mois (environ 67,60 dollars américains). Il n’est plus capable de payer son loyer depuis un moment parce qu’il ne trouve plus de travail, surtout en cette saison où il n’a plu que rarement au Maroc.
Le mouvement se réduit au levé du soleil de derrière les montagnes de la région. Les hommes se reposent à côté des murs des bâtiments après des heures passées debouts. Les femmes, elles, se réunissent au petit restaurant et ricanent doucement derrière leurs hijabs.
Les plus chanceux, eux, montent dans les véhicules pour se diriger vers les champs en attendant ce que veut bien leur donner le patron du jour pour plus de 14 heures de travail.