Hadj Issa, agriculteur de la région de Msif, à M’sila, affirme à ce titre : « des dizaines d’agriculteurs ont fini par baisser les bras et migrer vers les villes… Même les éleveurs de bétail se sont résignés à transporter leur cheptel aux villes avoisinantes où les conditions sont plus adéquates ».
De son côté, Taher, également agriculteur, note que « les principaux problèmes des agriculteurs et des éleveurs de bétail dans la région tournent autour des carences en eau d’irrigation ce qui nuit aussi bien aux plantations qu’au bétail ». Notre interlocuteur a notamment cité les régions de Maâdher, Ben Zouh et Msif, les plus touchées selon lui par le problème.
Un autre agriculteur de la région de Dahehna explique pour sa part : « jusqu’à pas longtemps, Dahehna comblait ses besoins en eau via le barrage de Bounasroun… mais suite à la dégradation de l’état dudit barrage, dont une partie s’est effondrée, les agriculteurs de la région ont réclamé aux autorités d’agir pour restaurer le barrage afin de redynamiser la roue du développement et donner un coup de pouce au secteur de l’agriculture ».
Et d’ajouter : « une telle démarche est en mesure de redonner vie à la région et même aux régions avoisinantes où les terres fertiles se transforment en désert… Les agriculteurs glissent peu à peu vers d’autres domaines délaissant leur métier d’origine… Seuls ceux qui ont du souffle et une volonté d’acier continuent à cultiver la terre ».
Par ailleurs, Lakhdhar, éleveur de bétail évoque l’absence d’herbage et la cherté du foin et des aliments pour bétail. « Ces zones pastorales deviennent de plus en plus sèches et les prix des aliments pour bétail ne cessent d’augmenter » affirme-t-il. Massoud, un autre éleveur renchérit : « les autorités en charge de l’agriculture ont décidé, cette année, de baisser la quantité d’orge compensé par tête de bétail à M’sila, la réduisant à 15 kg ce qui a suscité une vague d’indignation chez les éleveurs…Sans oublier que le prix du quintal d’orge a déjà atteint 1750 d. Les éleveurs ont demandé à ce que le prix soit réduit à 1500 d, en vain ».
Les prix élevés des aliments pour bétail ont poussé les éleveurs à changer de créneau… Et tous sans exception appellent à la nécessité de recharger les puits en eau pour remédier au problème de la sécheresse. Ils estiment, par ailleurs, que la régression des récoltes et la réduction du cheptel incombe à la sécheresse et à la haute des prix des aliments pour bétail. Ces problèmes ont nui au secteur au point que le bétail se vend désormais au marché parallèle.
Ils notent également que le développement local est complètement figé à cause de la stagnation de l’activité agricole, elle-même souffrant de l’absence des nécessités les plus élémentaires tels que l’eau, l’électricité et un réseau de canalisation décent. A la localité de Aïn Alkhadra située au sud-est de M’sila, par exemple, l’embouchure des égouts pose un vrai problème et continue d’empoisonner les lieux malgré les promesses des autorités d’ériger des stations d’épuration de l’eau.