Deux gouvernements qui s’entre-déchirent au grand dam des peuples qui ne jurent que par le rapprochement.
Les deux pays rivalisent davantage dans l’art de se barricader. En effet, après le grillage de 3, 50 mètres de hauteur, érigé sur plus de 1 00 km par le royaume, les autorités algériennes, comme une réponse du berger à la bergère, ont creusé des tranchées de 11 mètres de profondeur et de 7 mètres de largeur.
Officiellement, cette barrière métallique est justifiée par le gouvernement chérifien « pour lutter contre l’immigration irrégulière, notamment celle des subsahariens » puis de « rectifier », quelques mois plus tard « pour se prémunir contre le terrorisme » Un argument fallacieux, en ce sens que dans les années 1990, période de la décennie noire en Algérie, le Maroc n’avait jamais songé se protéger contre l’hydre sanguinaire. Quand à la décision de l’Algérie de lutter contre la contrebande, particulièrement contre le trafic de la drogue, là aussi, l’argument ne tient pas la route, puisque jamais le trafic des stupéfiants n’a été aussi important depuis ces fossés.
Et comme ni les tranchées, encore moins le grillage n’ont « convaincu » leurs propres concepteurs, les responsables algériens ont entrepris, il y a une vingtaine de jours d’élever un mur en acier haut de 7 mètres et large de 5 mètres au lieu-dit Lala Aicha, dans la daïra de Bab El Assa (1 00 km de Tlemcen)
Concernant ce mur de la honte, des sources sécuritaires ont précisé qu’il s’agit d’une « clôture sur un espace bien défini ne dépassant pas les 50 mètres. Sur les lieux, il y a un cimetière de morts des deux pays et donc, on ne pouvait se permettre de creuser des tranchées ou ériger un grillage…. »
Mais quels que soient les prétextes avancés par les uns et les autres, la blessure s’élargit de plus en plus. Une blessure douloureuse qui ne laisse pas indifférents les riverains. « Alors qu’on s’attendait à un rapprochement, voilà que chacun de nos pays s’isole, cherchant des « affinités politiques » ailleurs. C’est scandaleux, nous sommes un seul peuple, pourquoi aller chercher plus loin ? » s’insurge Ahmed Zeboudji, président d’une association dans un village algérien frontalier.
Des associations marocaines opposées à ces réalisations de la honte déplorent «Des expériences mondiales similaires démontrent que le mur séparant les Etats-Unis et le Mexique aurait coûté de 10 à 20 milliards de dollars et que la barrière de Melilla a été estimée à 33 millions d'euros. Des sommes faramineuses, sans compter les frais de maintenance et de fonctionnement», estiment des spécialistes marocains. Et de s'interroger : «Le royaume a-t-il les moyens de ses ambitions ?» s’interrogent-elles.
Toujours est-il que ni les tranchées, ni le grillage, encore moins ce mur n’ont réussi à lutter contre qui ce soit : La contrebande a toujours pignon sur rue et les passages clandestins n’ont jamais cessé…
En attendant, des familles des deux côtés, unis par des liens de sang et de voisinage n’ont que leurs prières pour voir toutes ces barrières tomber !