Ils sont d’ailleurs appelés à couvrir les besoins de main d’œuvre dans de nombreux métiers désertés par les habitants du pays comme le secteur des travaux publics dans les wilayas du Sud notamment, ou certaines autres activités à Keskafa. Cependant, l’immigration de groupes vulnérables comme les femmes et les enfants représente un revirement qui reflète probablement le changement des causes profondes cachées derrière cette immigration longtemps motivée par le rêve de transiter vers l’autre rive.
Toutefois, la question qui se pose avec insistance est de savoir quels sont les mécanismes de lutte contre ce phénomène.
L’immigration clandestine impose de grands défis aux pays de transit. De par son emplacement géographique et ses moyens économiques, notamment en termes de possibilités d’emploi, l’Algérie est considérée comme un lieu de passage idéal. Parmi les difficultés auxquelles les autorités doivent faire face donc, les réseaux de passeurs qui trouvent dans les immigrés une source de revenus facile en les transportant à des prix exorbitants. Très souvent d’ailleurs, ces candidats à l’immigration sont pris dans les filets d’escrocs cupides et insatiables et se retrouvent finalement perdus en plein désert, exposés à la soif qui tue chaque année des dizaines de personnes.
La route reliant Asemka, point frontalier nigérien qui sert de lieu de rencontre pour les contrebandiers à Tamanrasset en passant par Ankezam ou Erlit à 180 km de la frontière algérienne n’est pas toujours pavée de roses, puisque ceux qui ont la chance d’échapper aux contrôles de la sécurité risquent de tomber dans le piège des contrebandiers qui n’ont plus le moindre sentiment d’humanité.
L’approche sécuritaire qui consiste à organiser des campagnes sécuritaires visant à arrêter les flux migratoires qui traversent les frontières par des voies illégales est considérée comme l’une des plus importantes pour lutter contre ce fléau. Elle permet de neutraliser plusieurs d’entre eux et de les ramener d’où ils viennent. Un appareil spécialisé est d’ailleurs chargé de ce transfert qui s’effectue habituellement à travers les mêmes voies par lesquelles ils sont entrés et à travers la route nationale N°1 qui est en même temps la route de l’Union Africaine et qui relie la capitale aux frontières avec le Niger. D’autres par contre sont transférés à Tin Zouatine, selon leurs nationalités.
Notons à ce propos que cette méthode est mondialement reconnue et pratiquée. Ce qui pose problème, ce sont plutôt les conditions qui entourent les arrestations et le traitement réservé aux flux de migrants depuis leur capture, jusqu’à ce qu’ils soient livrés aux autorités de leurs pays. Cette question est d’autant plus légitime qu’il existe de plus en plus de femmes et d’enfants parmi les migrants clandestins. Ce phénomène a d’ailleurs envahi de façon stupéfiante l’Algérie au point qu’il donne à voir un spectacle fort négatif dans toutes les villes, à des degrés divers et qu’il complique davantage la tâche des autorités en leur imposant de fournir de plus grands efforts.
Parmi les protocoles qui s’imposent en exemple, l’opération de transfert des migrants venus du Niger à la demande des autorités de ce pays représentées par le Ministre de l’Intérieur Massoudou Hassoumi qui a effectué une visite en Algérie le 9 novembre 2014. Les opérations de transfert ont commencé au mois de décembre, la première vague étant arrivée à Tamanrasset le 5 décembre de l’année dernière.
Chikh Moulay, président de la commission de la croix Rouge de Tamanrasset affirme à ce sujet : « En collaboration avec plusieurs partenaires comme la Protection Civile et en présence d’un représentant du Consulat du Niger, ainsi que de la police nationale, 1800 individus ont été transférés jusqu’à présent à travers Anakzem vers Akdaz. Les personnes transférées viennent bien entendu de divers centres de regroupement à travers le pays. Ils sont par la suite orientés vers le centre de Tamanrasset qui peut accueillir jusqu’à 1200 personnes. Nous leurs fournissons les soins médicaux et nous veillons à ce qu’ils soient transférés dans les meilleures conditions ».
D’autre part, les organisations des droits de l’homme sont l’une des parties essentielles impliquées dans le suivi du dossier de l’immigration clandestine et un partenaire incontournable pour résoudre cette équation épineuse. Le secrétaire général de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme déclare à ce propos : « Il est certain que l’Algérie connaît ces dernières années d’importants flux migratoires de personnes venant de pays voisins, de l’Afrique et du Sahel. Il s’agit d’une immigration mixte, puisque comportant des immigrés poussés par la misère et d’autres venus demander l’asile. Le problème c’est que le traitement réservé par l’Algérie à ce dossier n’est pas conforme aux normes des droits de l’homme ni aux traités internationaux mais se construit plutôt sur une vision politique de la question. Ainsi, il ne fait aucun doute que, parmi les femmes et les enfants, c’est-à-dire les groupes vulnérables, qui font partie des immigrés, certains ont besoin d’une attitude humanitaire du point de vue médical et social ».
L’immigration clandestine peut être considérée comme un problème pluridimensionnel et très complexe à l’échelle sociale, économique et politique, dont la solution n’est pas à chercher au niveau national mais qui est à appréhender dans une optique régionale et selon une logique radicale qui cherche les causes du fléau et ne se contente pas d’en constater les conséquences.