Pris pour cible par des tirs de mortiers, trois plus exactement selon nos informations, le site n’a subi aucun dégât. L’attaque n’a, également, fait aucune victime, selon les officiels algériens. Et pour cause, les obus lancés par les assaillants n’ont pas atteint leurs objectifs, à savoir les installations. Le site est exploité conjointement par la société publique algérienne des hydrocarbures, Sonatrach, British Petroleum (BP) et la norvégienne Statoil. L’important complexe gazier se trouve à 1.200 kilomètres au sud de la capitale algérienne.
Selon le communiqué du ministère algérien de la Défense, « deux obus de fabrication artisanales sont tombées, ce matin du 18 mars 2016 à 05H30mn, près du poste de contrôle du site relevant de la Société Nationale Sonatrach, à Krichba à 200 kilomètres au Sud-ouest d’El Menia, sans causer aucune perte humaine ou matérielle ». La réaction des militaires a permis d’empêcher le pire lors de cette attaque. « La réaction rapide du détachement de l’Armée en charge de la protection du site a mis en échec cette tentative d’attentat terroriste (…)», a ajouté la Défense algérienne dans son communiqué.
Suite à l’attaque, la société britannique BP et la norvégienne Statoil ont annoncé leur décision de retirer leur personnel du site de Krechba. Il s’agit là d’une « mesure de précaution ». Seul le personnel de la société Sonatrach est resté au niveau du complexe. La production, au niveau du site attaqué, a repris, mais la montée en puissante du complexe pourrait, selon des déclarations relayées par les médias, prendre plus de temps que prévu.
L’attaque a été revendiquée par Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Toutefois, aucune preuve n’a été donnée quand à l’implication réelle de ce groupe. Aucun officiel algérien, qu’il soit politique ou sécuritaire, ne s’est exprimé à ce sujet. Le site gazier de Krechba est important et capital pour l’avenir gazier du pays. Les prévisions liées à la production prévoient d’atteindre les neuf milliards de mètres cubes par an, ce qui représente plus de 10 pour cent de la production gazière actuelle de l’Algérie. L’Algérie a annoncé ses plans pour construire une usine de traitement de gaz, dans la même région, en plus de l’implantation d’un nouveau gazoduc d’une longueur de 150 kilomètres.
Cette attaque a ciblé un lieu névralgique de l’économie algérienne, à savoir une installation gazière. Il s’agit là de la seconde attaque sur un aussi important site, ces dernières années. Ce constat fait dire à l'expert en sécurité, Ali Zaoui, que « cette attaque n'a rien de terroriste ». Selon lui, « il s'agirait plutôt de contrebandiers bien que cela n'a encore pu être confirmé ». Néanmoins, M. Zaoui a estimé que « la production n'en a pas été perturbé pour autant, encore moins stoppée, comme lors de l'attaque sur le site de Tiguentourine».
En effet, en janvier 2013, un autre site gazier, celui de Tiguentourine, à In Amenas (1.500 km au sud-est d’Alger) avait été la cible d’une prise d’otage. L’intervention des forces spéciales algériennes a permis l’élimination de 29 terroristes, après quatre jours de prise d’otage. La prise d’otage a causé la mort de 39 travailleurs étrangers, dont l’agent de sécurité de la base de vie, qui est un algérien. L’attaque en question a été revendiquée par le groupe « les Signataires par le Sang », de Mokhtar Belmokhtar. Face à la menace terroriste inquiétante dans la région d’Afrique du nord, l’Algérie a déployé ses troupes soutenues par une importante logistique, tout le long de ses frontières. L’Algérie partage près de 1.000 kilomètres de ligne frontalière rien qu’avec son voisin libyen pour n’en citer que cet exemple.
D’importants projets de forage des gisements gaziers sont lancés au niveau de la région de In Salah. D’ailleurs, les opérations d’extraction ont été lancées ce début mars. Objectif visé par les autorités algériennes, satisfaire ses besoins en gaz naturelle, grâce aux quantités massives existantes, mais aussi répondre aux besoins des pays de l’Europe du sud. Ces projets en question sont menés en joint-venture à trois avec Sonatrach, BP et Statoil. Le potentiel total des réserves en gaz naturel est conséquent, avec 159 milliards de mètres cubes sur 26 puits de forages. Il s’agit là de stocks gigantesques. En la matière, notamment pour acheminer le gaz algérien vers l’Europe, le choix de l’Espagne a été annoncé. Ce pays pourrait, donc, être la porte d’entrée vers le continent européen, notamment par le biais du gazoduc MidCat (Midi-Pyrénées) qui est appelé à prendre le relais. L’Algérie est dépendante des hydrocarbures qui représentent 95 pour cent de ses exportations. La chute du prix du Brent, qui est passé de 100 dollars en juillet 2014 à moins de 35 dollars en janvier dernier, a eu des impacts sur l’économie algérienne.