L’exploitation de ces mines, disent-elles, est en infraction avec la loi qui exige de remettre le sol en l’état après extraction de l’argile. Résultat de la non-application de cette clause, des trous géants se sont formés et font désormais office de dépotoirs. Ces trous, dont la profondeur atteint parfois 30 mètres, ont même entrainé la montée des eaux souterraines et la formation d’un grand lac, à l’été 2014. Ignorant les dangers liés à ces eaux stagnantes, véritable catastrophe écologique, les habitants s’y sont baignés, obligeant les autorités locales à décréter l’état d’urgence et à combler le lac au bout de deux semaines. Cet incident est, selon les associations écologistes, une preuve supplémentaire de la désinvolture de ces sociétés d’exploitation des mines d’argile.
Les agriculteurs dont les terres jouxtent ces mines, souffrent spécialement de cette proximité, les opérations de forage les empêchant d’atteindre leurs terres et endommageant leurs récoltes. Oncle Mohamed, un de ces fermiers, affirme que les glissements de terrain dus à l’extraction d’argile entrainent l’écoulement des eaux sous les couches du sol de sa plantation. Ces eaux dépassent de loin les besoins des récoltes qui finissent par s’altérer. Oncle Mohamed réclame aux autorités locales de mettre un terme aux dérives de ces entreprises, d’imposer un contrôle strict sur les opérations de comblement, et d’instaurer un système d’exploitation périodique pour minimiser les dégâts dans les mines.
Le maire de Baldet Omar se défend en déclarant à «Dunes Voices » que la municipalité «n’a rien à voir avec les problèmes dans les mines, même si celles-ci se trouvent sur des terrains municipaux ». Il précise que «les licences d’exploitation sont fournies par le ministère de l’Energie et des mines et que la loi est appliquée sur toutes les mines du pays ».
Les détenteurs des licences d’exploitation estiment de leur côté que le non-comblement des mines est dû au «manque d’équipement et de main d’œuvre dans ce pénible domaine ». Un argument fallacieux selon les écologistes qui notent que ces entrepreneurs n’ont aucun problème à trouver de la main d’œuvre pour forer mais ne la trouvent pas quand il s’agit de combler les fosses.
M. Saleh G, représentant d’une association écologiste à Ouargla, dénonce une réalité qui dure depuis des années. «L’exploitation des carrières et des mines à Ouargla remonte à 1989. Depuis, le forage va bon train et l’environnement ne cesse d’en pâtir » dit-il. Saleh se demande indigné : « pourquoi continue-on de causer tant de catastrophes et de nuire de la sorte à la nature ? Pourquoi ce silence de la part des autorités ? »
Quant à Abdelhamid Safi, expert en géologie, il accuse les chefs des sociétés qui exploitent ces mines «d’être conscients des dégâts qu’ils causent aux habitants de la région et à la nature. »
« Le forage sans comblement par la suite est la plus grande violation de la terre… La science moderne découvre chaque jour de nouvelles méthodes pour protéger le sol et les couches terrestres de l’érosion, et ces chefs d’entreprises viennent bousiller tout ceci sans la moindre considération pour le droit international ni pour la constitution du pays ».
Safi a réclamé au ministère de l’Energie et des mines de « prendre des mesures punitives contre tous ceux qui enfreignent la loi sur l’exploitation des mines ».