Rien ne semble altérer la détermination des habitants qui, au lendemain de l’inauguration du premier puits, ont lâché bride à leur colà¨re et entamé une série de protestations. « Le forage de puits de gaz de schiste a été lancé sans le consentement des notables et ni des représentants de la société civile d’In Salah. Les travaux ont été enclenchés en catimini et dans la discrétion la plus totale.
Le site d’expérimentation a été inauguré par le ministre de l’énergie qui n’a pas jugé opportun d’entendre les préoccupations et encore moins les appréhensions de la population vivant dans cette région aride et fragile écologiquement. Céans, les gens sont conscients des risques à courir suite à l’exploitation du gaz de schiste.
On sait pertinemment que les autorités sont en train d’expérimenter un projet qui ne profiterait qu’aux pays étrangers et qui serait à l’origine d’une calamité environnementale que seul In Salah en fera les frais » s’indigne Bouhafs Abdelkader, représentant de l’association Echams pour la protection de l’environnement à In Salah (Tamanrasset). Abdelkader se joint à plusieurs centaines de voix qui se sont élevées contre le procédé de fracturation hydraulique adopté pour l’extraction du gaz de Schiste à une trentaine de kilomà¨tres seulement des périmà¨tres et exploitations agricoles.
Cette technique destructrice est polluante, comporte des lacunes qui ont, en témoignent les experts en la matià¨re, des retombées néfastes sur l’environnement et la santé publique. Outre le fait qu’elle contribue à augmenter les émissions de gaz à effet de serre, la fracturation hydraulique est susceptible d’augmenter le taux de radon- un gaz radioactif incolore et inodore présent dans les sous sols- dans toutes la région et localités environnantes. Ce qui accroà®t inévitablement le risque de cancer du poumon.
Aprà¨s l’eau inflammable, les micro-séismes et la pollution des nappes phréatiques, la hausse du radon représente ainsi une conséquence désavantageuse des gaz de schiste. Autant de raisons qui motivent l’action et l’élan de protestation initiés par plus de 20 associations activant dans cette région du Grand-Sud.
La société civile dit "non" à l’exploitation du gaz de la roche-mà¨re et exige l’arrèter des forages ainsi que l’adoption par voie législative d’un moratoire pour la réglementation stricte de ce type d’exploitation et la possibilité de son interdiction sur tout le territoire de la wilaya. « Les habitants d’In Salah ne savaient pas ce qui se tramait dans ce nouveau site d’hydrocarbure.
On pensait que c’est un forage ordinaire, une opération courante à In-Salah. Les employés seraient instruits de se murer dans le silence et de ne rien avancer aux gens locaux. Ce n’est qu’aprà¨s la visite éclaire du ministre de l’énergie et de sa délégation qu’on a pris connaissance de la situation. Ce qui est encore plus grave, c’est que le site en question est implanté au bord de la nappe phréatique que renferme Tikelt avec pour but d’accéder facilement à l''eau utilisée dans la fracturation hydraulique, et ce, au détriment de la vie des habitants. C’est inadmissible ! Nous n’allons pas nous taire, nous comptons élargir la protestation, à laquelle vont participer femmes, enfants et vieux pour faire valoir nos droits et nos revendications les plus légitimes. Nous sommes disposés à aller plus loin si l’on continue à cultiver l’indifférence, » menace Abdelkader en tançant vertement le silence des autorités compétentes.
In Salah a fèté le réveillon sur fond de la protestation et de la contestation. Depuis, la ville est devenue une véritable poudrià¨re. Des rassemblements quotidiens sont observés devant le sià¨ge de da ïra. Les habitants ont procédé, également à fermeture de la route RN1, reliant Ghardaia à Tamanrasset. C''est dire que le climat est on ne peut plus tendu. « Les protestataires réclament l''arrèt immédiat des expériences sans négociation aucune », ajoute encore Abdelkader en faisant savoir que, contrairement à ce qui a été révélé officiellement, c’est « l’entreprise pétrolià¨re française, Total, qui aurait établi le programme de forage, dont l’exécution a été confié à Sonatrach en collaboration avec ENTP et Schlumberger du fait qu''elle maà®trisent la technique. ».
Abondant dans le mème sillage, le secrétaire de l’association des victimes des essais nucléaires d’In Eker, Ibba Boubekeur a mis en garde contre les dangers et les différentes menaces qui pà¨sent réellement sur les populations de Tidekelt et de l’Ahaggar. « L’Algérie n’est pas meilleure que les USA qui jouissent d’une expérience capitale en matià¨re l’exploitation du gaze de schiste, et encore moins la France o๠le projet avait fait objet d’une large contestation eu égard à son impact négatif sur l’environnement et la santé publique. Il faut comprendre que le gaz piégé, devant ètre fracturé avec une grande quantité d’eau et de produits toxiques, est une source de cancers qui s’ajoute à la liste encore plus longue de craintes et de répercussions. Les riverains sont exposés à de hauts risques et de préjudices écologiques incommensurables. L''Etat doit se raviser avant que la situation ne prennent des allures scandaleuses." a conclu M Ibba.