Tous les ans ou presque, des centaines de juifs, détenteurs de passeports européens et canadiens et sous couvert d’associations de pieds noirs, atterrissent dans la cité des Zianides pour se recueillir sur les sépultures de leurs aïeux. Des visites qui suscitent des polémiques… au sein de la classe politique, surtout. Un sujet que des partis -en mal d’activités- déterrent pour se mettre sous les feux des projecteurs, l’espace d’un voyage spirituel des descendants de 50 000 juifs ayant fui la péninsule ibérique pour se réfugier à Tlemcen, au 13ème siècle.
Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie en 1962, la majorité des juifs, à l’image des Français, ont quitté Tlemcen par peur de représailles. Même si selon un professeur de l’Université Abou Bekr Belkaïd de Tlemcen « près de 7 000 juifs sont restés en Algérie, se gardant, toutefois, de se faire trop voir… »
Un élu de la municipalité de Tlemcen déclare sous le sceau de l’anonymat « C’est une évidence, les juifs étaient connus pour leur sens du commerce, et en quittant le pays, ils ont laissé des biens (des maisons et des locaux commerciaux dans des lieux stratégiques de la ville, comme Agadir, El Medress, Derb El Yahoud. A quelques kilomètres de là, à Nedroma, ils occupaient des habitations dans l’ancienne cité Eterbiaâ et des bijouteries. Les agriculteurs possédaient des fermes et de grandes terres agricoles dans les régions de Remacha, ainsi que Zenata. Ils étaient en nombre à Béni Snouss, particulièrement à Ouled Moussa, un village qui porte bien son nom… »
Et lorsqu’en 2005, les autorités locales ont interdit le pèlerinage aux juifs, ces derniers ont menacé de porter plainte pour réclamer leurs biens à l’Etat algérien.
Pourtant, ce jour là, le président de l’association Fraternelle, qui avait organisé le pèlerinage-éclair à Tlemcen de 130 personnes, avait expliqué, optimiste «d’autres familles juives viendront en Algérie grâce à un climat apaisé et fraternel qui a uni les deux communautés dans le passé… »
En effet, les années qui ont suivi, ont permis à d’autres familles de la communauté juive de retourner ou de visiter pour la première fois la ville de leurs ancêtres. Sans contraintes.
Aujourd’hui, il suffit de rappeler les noms de familles Tlemceniennes (Benachenhou, Benhamou…) qui ont pignon sur rue, pour comprendre que l’histoire de la ville de Tlemcen est liée de très près à celle de la dynastie du Rabbin Ephraïm Enkaoua…